Je le tiens pour un de nos plus grands décorateurs.
Sa scénographie des « Jumeaux Vénitiens », un bijou.
Quelles jolies trouvailles pour l’intérieur de la maison de Rosaura avec ce panneau plat fermant le plateau où deux portes en bois sombre encadrent un grand miroir surplombant une banquette et laissent dégagées les entrées à cour et jardin.
Quelles idées ravissantes pour cette place de Vérone : Un espace central dégagé, un praticable en fond de plateau pour y accéder, deux étroites façades de maison pour l’encadrer : quelques marches conduisent à l’entrée de l’une, l’autre est de plain- pied, les deux s’ornent d’une petite fenêtre qui s’ouvre et permettront de jolis échanges verbaux entre les femmes.
Au sens de l’espace s’ajoute une perfection dans l’harmonie des couleurs que viennent compléter de merveilleux costumes dessinés par Fréderic Olivier.
Tout ici est élégance maitrisée, raffinement achevé.
Retrouvant Carlo Goldoni déjà monté à la Comédie Française : « Les Rustres » où se distinguait l’inénarrable Christian Hecq, le metteur en scène Jean-Louis Benoit connait son auteur.
Il sait lui imprimer le rythme qui lui convient, sans exagération, mais avec une alacrité que vient souligner la musique.
Regrettons dans son travail d’adaptation quelques facilités grossières : les jurons : « Con » ou « salope » résonnent tels des fausses notes, cause de rires gras, dans cette partition fidèle dans son ensemble au parler d’alors.
Dans cette histoire de quiproquos, d’imbroglios provoquée par la gémellité de deux frères qui s’ignorent,
Maxime d’Aboville assume le rôle du benêt et celui de l’homme d’honneur à qui l’on n’en conte pas.
Ici, de faux airs de faux Philippe Avron le rendent moins convaincant que dans son interprétation remarquable du « Servant » au Poche.
D’honnêtes comédiens composent l’ensemble d’une distribution équilibrée. On pourrait imaginer des figures plus marquantes pour interpréter toute cette galerie de personnages hauts en couleurs, truculents, vils, exubérants, rebelles.
La production n’en demeure pas moins délicieuse à voir,
Le texte charmant à écouter.