Si l’on en juge au nombre de ses nominations,
Voilà un spectacle promis à une avalanche de Molières.
Depuis une brillante première pièce consacrée aux rapports du couple, « L’Autre », vue lors de sa reprise au Poche (Lulu de décembre 2015),
Enchainant les succès, le jeune auteur a poursuivi son étude de la famille.
« Mère » (Lulu de novembre 2014) avec la grande Catherine Hiegel précède « Père » avec l’immense et regretté Robert Hirsch dont l’exceptionnelle interprétation avait porté le spectacle à un niveau bouleversant.
Déjà pointaient les premières réserves,
Suivies de l’impardonnable « utilisation » du pathétique naufrage de ce génie du théâtre dans « Avant de s’envoler » ( Lulu de novembre 2016), indécente exhibition, à l’époque tue par seul respect de l’interprète à la veille de sa mort.
Après la déchéance du grand âge, « Le Fils » évoque l’adolescence en crise.
Enfant de parents séparés Nicolas, dix-sept ans ne va plus en cours ;
Complètement désemparée, sa mère rend visite à son ex-mari pour lui faire part de la situation.
Remarié et papa d’un nouveau-né, il acceptera de prendre l’adolescent chez lui.
Malgré ses efforts constants, et ceux de sa jeune femme,
Ne se sentant nulle part à sa place et incapable de reprendre des études qui l’ennuient,
S’enferrant dans le mensonge et donnant d’inquiétants signes de profond mal-être,
L’adolescent fera une tentative de suicide.
Interné en milieu psychiatrique, face à ses parents à nouveau réunis par le médecin, il les convaincra de le faire sortir de l’hôpital, leur jurant avoir pris conscience de ses erreurs.
Bouleversés, en dépit de l’avis médical, père et mère céderont à leur fils.
L’issue sera fatale.
Brouillant les pistes, l’ultime scène nous dévoile Nicolas de retour chez son père.
Rayonnant, le jeune homme vient de publier son premier roman et attend sa compagne pour les présentations :
Evocation d’un brillant avenir anéanti,
D’une culpabilité paternelle à jamais ineffaçable.
A l’alacrité des premières scènes passant d’un foyer à l’autre par un système de décors coulissants signés Edouard Laug,
La lassitude et l’ennui font place aux tensions perceptibles du début.
Répétitif, systématique, le procédé s’enlise,
L’issue fatale lourdement prévisible,
Renforcée encore par une musique redondante à souhait.
Ladislas Chollat, metteur en scène, sait mieux faire.
Admirable dans « Race » sur cette même scène, il faut un long temps à Yvan Attal pour sembler s’intéresser à son rôle,
Tenu pour une révélation, loin de posséder la présence du beau Niels Schneider ou d’Arthur Fenwick,
Rod Paradot joue seulement juste tout comme Elodie Navarre, la seconde épouse et jeune maman.
Anne Consigny, elle véritablement émouvante dans son inconditionnel amour maternel, désespérée, impuissante, inconsolable encore de l’abandon de son ex-mari,
Et Jean-Philippe Puymartin en terrifiant psychiatre,
Donnent seuls une authenticité véritable à leurs personnages.
Déchirements vécu par bien des enfants de parents séparés,
Situation poussée ici à son dénouement le plus tragique,
Le drame annoncé à grands renforts de tableaux illustratifs,
D’interminables enchainements de scènes narratives à satiété,
Dans sa dernière pièce Florian Zeller s’enfonce un peu plus dans la médiocrité.
Pis que l’essoufflement,
Une nouvelle baisse de plusieurs niveaux.
Des nominations aux Molières aussi surprenantes qu’injustifiées..