Sanction appropriée pour elle, en cette période éminemment footbalistique , pour pénaliser un retard que seul justifie la méfiance face aux " libertés" délibérément prises par certains metteurs en scène avec les textes de nos grands auteurs, tel Feydeau. Leurs conséquences s'avèrent trop souvent désastreuses. Les exemples n'ont pas manqué cette saison encore, me contraignant à un pudique silence.
Oublié le " d'Après " Feydeau, dès le lever de rideau.
Un souffle de fraicheur, un vent de légèreté nous enveloppe aussitôt.
Les Gévaudan, de Loches, deux frères et leur sœur, sont montés à la capitale dans le but de trouver des conjoints. Croyant être dans les bureaux d'une agence matrimoniale, ils se retrouvent dans un bureau de placement. Ils arrivent ainsi chez Saint- Galmier, lui-même poursuivi par sa cocotte à laquelle il a promis le mariage alors que sa fiancée est arrivée pour la signature de leur contrat.
Je vous laisse deviner la suite délirante de quiproquos et de méprises qui finiront au " Louvre hydrothérapique" établissement de soins pour aliénés...
Toute la folie ( prémonitoire ?) de Feydau est là.
Et reconnaissons à Hervé Devolder, le metteur en scène et auteur de la musique, ainsi qu' à Jacques Mougenot, l'auteur des couplets, une contribution véritablement heureuse à cette œuvre.
Loin de trahir la pièce, leurs ajouts viennent à point, comme en écho aux répliques hilarantes, souligner avec bonheur des situations insensées.
Que dire de la troupe : exactement parfaite.
Mon esprit souvent vétilleux ne peut qu'admirer cet ensemble absolument juste. Déjoué le piège fatal du " surjeu" ou de l'outrance.
Ainsi ressort toute la couleur des personnages . Prestance et couardise chez Saint- Galmier séduisant docteur-colonel, Arnaud Denissel, verve et abattage de notre cocotte Michette, Charlotte Filou, bonhomie, balourdise, crédulité et autorité de l'ainé des Gévaudan, Frank Vincent, qui forme une fratrie d'une cocasserie achevée avec sa vieille fille de sœur, Christine Bonnard, et le petit dernier, benêt sujet aux migraines, Adrien Biry -Vicente. S'ajoutent en vieille dame en proie aux émois face à son groom, Claudine Vincent en Rachel, et les deux employés des agences, diligents et efficaces, Fabrice Fara et Patrice Latronche, particulièrement comique en garçon de bain.
Et que l'on ne vienne pas nous dire que nous ne savons pas faire de comédies musicales en France : Il suffit pour s'en convaincre d'entendre nos compères entonner leurs gais refrains scandés par de joyeuses danses exécutées avec un bel entrain.
Voilà bien des artistes complets auxquels je tiens à associer la chorégraphe Catherine Arondel, et les musiciens accompagnateurs Thierry Boulanger, Benoît Dunoyer de Segonzac, Marianne Devos.Sans oublier le décorateur Jean-Michel Adam et le costumier Jean-Daniel Vuillermoz qui ont recréé avec talent l'écrin d'époque, idéal pour ce vaudeville.
Sous ce ciel crépusculaire, en cette période de grisaille, pour conjurer un accès de sinistrose, le remède est souverain : courrez au Palais-Royal.
Cet été, parisiens en transit entre deux villégiatures, parisiens laborieux restés dans la capitale, touristes en quête d'une charmante soirée théâtrale , " Les Fiancés de Loches " sont à l'affiche jusqu'au 6 septembre.
Un plaisir dont il ne faut se priver sous aucun prétexte.
e mécanisme s'emballe, mais le rythme tenu, sans ces accélérations néfastes.
Le jeu d