A l’origine crée pour un homme travesti en femme (dernièrement encore Jean-Laurent Cochet terrifiant et irrésistible dans sa composition) la Philaminte d’Agnès Jaoui, erreur de distribution, nous laisse insatisfaits
Loin d’incarner « le dragon » dont les humeurs terrorisent son époux, qui domine et commande à toute maisonnée , davantage « femme du monde » cassante et directive, son interprétation manque totalement du comique voulu par l’auteur, et sa diction approximative nous prive trop souvent d’une partie du texte.
D’une épaisseur et d’une présence évidente, sans jamais forcer ni le trait, ni la voix, Jean-Pierre Bacri campe un Chrysale qui fera date. Du personnage falot, pleutre, et soumis aux lubies de sa femme, il révèle les qualités de cœur, et malgré ses faiblesses, suscite la sympathie.
Déçus par l’ Henriette de Marie-Julie Parmentier, pourtant inoubliable en Agnès (L’Ecole des Femmes) et Marianne (On ne badine pas avec l’Amour) à la Comédie Française, souvent inaudible, elle a perdu en fragilité subtile, en rare délicatesse. Tristesse.
Diction impeccable, justesse de ton et authenticité des personnages pour la Martine au franc parler de Catherine Ferran, le Clitandre de Benjamin Jungers, jeune pensionnaire de la Comédie Française, et l’oncle Ariste de Benjamin Rousillon.
Quant aux personnages caricaturaux, essentiellement Trissotin et Bélise :
Le premier, Philippe Duquesne, tire exagérément du côté Tartuffe au détriment du rimailleur risible, un fat dont le nom est cependant passé dans la langue courante.
La seconde, Evelyne Buyle, élégante, gracieuse toujours, pourrait elle aussi faire rire davantage en femme persuadée, contre toute évidence, séduire encore toute la gent masculine
Son texte, qu’elle nous laisse parfaitement entendre, n’en demeure pas moins un moment hautement délectable.
Avec de très beaux costumes d’époque de Renato Bianchi , un somptueux décor alliant style classique de gris et d’or et cabinet de curiosités progressivement envahi d’encombrants objets et lourdes caisses de livres,
Baignées de lumières, Dominique Borini, qui rappellent les éclairages d’un Giorgo Strelher par leur sophistication extrême,
Catherine Hiegel a conçu un spectacle à l’esthétique marquée.
Molière en reste le triomphateur