Révélation d'un très jeune et très grand talent: Pierre François Garrel
C'est la dernière qu'il écrivit.
John Fletcher, son cadet, y collabora.
Une histoire de passion amoureuse qui conduit "Deux nobles cousins" à l'amitié inébranlable, jusque dans la geôle sinistre où ils se trouvent enfermés au début de l'histoire, à s'entre-déchirer une fois libérés et à se livrer une lutte sans merci, lutte à mort, mûs par la passion de la même femme: Emilia soeur de la Reine.
Après un début des plus enchevêtré et filandreux difficile à suivre, cette histoire se déroule avec une indéniable clarté dans sa seconde partie.
Nous voilà face à Palémon (François de Brauer) et Arcite (Guillaume Séverac-Schmitz) les Cousins que le roi Thésée (admirable Pierre François Garrel dont le jeu, l'autorité, le timbre de voix et la diction sont la véritable révélation du spectacle) tient à sa merci.
La reine son épouse (Chloé Chevalier) incarnera la clémence toujours sollicitée auprès du despote son époux.
Sa soeur Emilia est l'objet du désir fou des deux cousins.
Face aux grands, les humbles: les tourments de l'âme ne leur sont pas davantage épargnés.
Le Geôlier craint pour sa vie d'abord puis pour sa fille qui perd la raison après avoir libéré Arcite dont elle s'est éprise au premier regard et qui l'ignore superbement.
Un Prétendant, dindon de la farce, et une Guérisseuse, complètent cette galerie de personnages.
Sara Llorca a repris ce spectacle créé à sa sortie du conservatoire avec ses jeunes camarades qu'elle a déjà dirigés en 2009.
Sa mise en scène, loin d'être déshonorante par son dépouillement (décor de Charles Vitez petit-fils d'Antoine réduit à un gradin, quelques lignes de sable blanc déversé sur un sol noir, des instruments de musique) n'évite pas quelques lieux communs éculés: Les robes blanches à large jupes virevoltantes (costumes de Raoul Fernandez) dont sont revêtus les garçons comme les filles, les chansons rock tonitruantes venant ponctuer le spectacle.
Plus ennuyeux : son erreur de distribution injustifiable : le physique dramatiquement ingrat de la fille du Geôlier rend impossible toute vraisemblance avec le personnage aux tirades enflammées.
Dommage.
Cette ultime pièce ne m'a pas bouleversée. Mais était-il possible de s'en faire une idée exacte?
Sara Llorca ne se cache pas d'y avoir procédé à de nombreuses coupures, d'en avoir donné une adaptation très libre signée de son père Denis Llorca.
Mais son extrême jeunesse comme celle de ses interprètes ne préjuge pas d'un avenir qui gagnera en maturité.
Du moins on l'espère pour tous.