Ce pourrait n’être qu’une satire d’un capitalisme sans foi ni loi ;
Ou encore, la dénonciation du droit féodal privant les filles de leur héritage toujours en vigueur sur certaines iles anglo-normandes.
Ce serait sans compter le talent d’Heidi Tillettte de Clermont-Tonnerre.
Répondant à une commande de la scène nationale de Cherbourg dont la directrice rêvait d’une pièce évoquant ce droit normand féodal remontant au XVe siècle,
Rebondissante, palpitante, surprenante, sa pièce, tel un roman d’aventure, tient en haleine sans faillir.
Tambour battant, nous voilà entrainés dans l’incroyable saga de ces jumeaux sortis de rien, aujourd’hui anoblis par la Reine d’Angleterre.
Allégorie de la success-story, du monde libéral, l’aventure n’en est pas moins prenante.
Les rebondissements, le découpage au cordeau, les projections sur fond de scène venant illustrer avec efficacité le propos, l’ironie, la caricature en filigrane d’un certain milieu,
Nous ménagent de bien savoureux moments autour de l’incontournable « cup of tea » comme de certains débordements moins « policés ».
A l’image de la construction de cet empire économique,
Rondement mené, alliant intelligence et efficacité,
Le récit conté par les inséparables jumeaux révèle un parcours d’ambitions effrénées associé au culte du secret, d’acquisitions
sans limites indissociables d’une volonté d’airain.
Dans une ultime rocambolesque péripétie,
La découverte du droit normand privant leurs filles de leur héritage,
Pugnacité intacte,
Stratégie combative,
Usant de tous les stratagèmes,
D’ultimes manœuvres et redoutables interventions,
Constitueront un inattendu et tumultueux épilogue,
Jusqu’à, cette fois encore, l’obtention la victoire finale.
Je ne vous en dirai pas davantage.
Enlevé, vif, parfaitement joué par Hédi Tillette de Clermontonnerre et Lisa Pajon en affreux survêtement bleu pétrole contrastant avec le pompeux décor d’un salon « médiéval », le tout délicieusement parodiques,
Ce spectacle vous fera passer un merveilleux moment.
Souhaitons que le procès pour atteinte à la vie privée, intenté par un des frères Barclay, ne viennent à interdire une fable aussi allègrement écrite qu’interprétée.