Vu dernièrement, « Le portrait de Dorian Gray » est une indéniable réussite.
Au programme de ce soir, « Les liaisons dangereuses » aiguisent ma curiosité.
Hier, au La Bruyère je « suivais » « les Cavaliers » aux confins de l’Afghanistan.
On ne présente pas Joseph Kessel, l’émigré, le soldat engagé volontaire, l’écrivain et auteur du chant des partisans, l’infatigable baroudeur qui finira sous la coupole de l’Académie française au fauteuil du Duc de la Force…
Avant tout, et sous toutes les latitudes, un homme en quête de ses semblables de par le vaste monde.
Les rencontres ont nourri sa vie.
Celles qu’il fit lors de son voyage en 1957 en Afghanistan lui ont inspiré « Les Cavaliers », aventures du jeune et orgueilleux Ouroz envoyé à Kaboul, accompagné de son serviteur Mokkhi, pour participer au bouzkachi royal, terrible tournoi.
Malgré sa vaillante monture, le superbe Jéol dressé par son père Tousène, légendaire vainqueur vaincu par les ans, Ouroz, doublement humilié, rentrera perdant et estropié de la fatale course : désarçonné par un trou sur la piste, jambe brisée, les plus dures épreuves jalonneront le retour dans sa lointaine région où l’attend son père.
Je ne vous dévoilerai pas les épisodes de ce long voyage initiatique, les souffrances endurées, les rencontres hasardeuses, ou salvatrices, les trahisons et les bonheurs.
Ainsi croisés sur sa route, la femme rouée et cupide comme la figure emblématique de « l’Aïeul de tout le monde ».
De cet univers brutal et noble à la fois, de ces couleurs et odeurs fortes, de ce climat dur, de ces reliefs inhospitaliers, de ces figures altières ou viles, de ce monde de cavaliers, les metteurs en scène en ont réduit l’évocation par le seul recours à la musique, au bruitage, et…à un tabouret dans le rôle du fier destrier.
Pari audacieux, mais le talent de Khalid K, tunisien d’origine, tout à la fois auteur de la musique originale, chanteur à la voix profonde, inventeur de sons illustratifs parvient à nous transporter dans ce monde lointain et mystérieux.
Performance insuffisante pour combler certaines faiblesses du montage, et parfois le manque d’épaisseur de ces personnages à l’exotisme si particulier.
Le jeune Gregori Baquet, pourtant très convaincant aux cotés de Catherine Salviat dans une récente pièce irlandaise, n’est pas crédible en Ouroz. Son séjour en Ouzbékistan n’y change rien, il ne possède ni le physique du vaillant cavalier déchu, moins encore sa fierté indomptable. Plus de mordant, de rage contenue auraient contribué à donner crédibilité à cet impétueux personnage davantage à l’allure de cow-boy que d’un cavaliers afghan.
Eric Bouvron inégal dans les différents protagonistes qu’il incarne, médiocre en Mokkhi, le serviteur, il est plus inspiré en Toursène, cavalier émérite devenu éleveur, le père d’Orouz.
Toute en bonne volonté, Maïa Gueritte, dans plusieurs personnages féminins, ne brille pas davantage d’un éclat particulier.
Belle histoire, protagonistes hors du commun, intrigue riche de rebondissements autour d’un fougueux destrier devraient nous emporter, bride abattue, dans un galop effréné.
C’est au petit trot qu’il nous promène.