Dans ce «Voyage» on ne les voit pas sur le plateau. Regrets.
Ils ont créé un univers de marionnettes. Merveille.
Au lever de rideau, après force grondements de mer en furie et cris aigus de mouettes on retrouve Gulliver échoué sur une grève, après le naufrage de son navire.
Surgissent alors deux bien curieux personnages qui le découvrent:les Lilliputiens,
minuscules marionnettes hybrides intégrant, aux corps miniaturisé des pantins le visages de comédiens en chair et en os, grimés.
Effet saisissant face au héros à taille humaine, un interprète de belle prestance.
Sauvé de la noyade, notre naufragé n’en connaîtra pas moins mille aventures au royaume de Lilliput.
Nous les suivrons avec émerveillement dans une succession de tableaux délicieusement inventifs, situés dans de ravissants décors miniaturisés. Réussite signées Audrey Vuong pour la scénographie et Vanessa Sanino pour les costumes.
Contrairement aux apparences, pas de conte de fée ici. Swift n’en a point écrit.
Avec sa légèreté apparente et son humour corrosif, ce récit évoque et dénonce sous forme de satire les innombrables excès des puissants.
Débordant de cocasserie, l’histoire nous dépeint une savoureuse galerie de personnages détestables parfaitement caricaturés par nos marionnettes, criaillantes, piaillantes, gesticulantes, et ...chantantes.
Général borné, savant prétentieux, empereur tyrannique,ingrat, goinfre, faible face à une épouse capricieuse aussi belle-mère acariâtre, juge inique, et princesses seules secourables au pauvre Gulliver, jouet des lilliputiens.
Tour à tour bête de somme, victorieux de la flotte adverse, pompier providentiel, convive de festin accompagné de musique, les saynètes s’enchaînent et se renouvellent pour un public conquis.
Voilà un spectacle qui s’achève trop vite.
Sans doute la plus belle façon d’émerveiller en ouvrant l’esprit des enfants.
Un bain de fraîcheur pour petits et grands.