Fidèles au dramaturge qui a connu une gloire tardive et quelque peu oublié aujourd’hui, Daniel Mesguich et son fils William poursuivent leur reprise avec « Le Souper ».
A l’époque de sa création, ce théâtre datait déjà. La pièce jouée à la scène (puis reprise à l’écran) par des « vedettes », Claude Brasseur et Claude Rich, connut le triomphe digne des grands succès du boulevard.
Dégustant avec la gourmandise non dissimulée du grand comédien heureux de pouvoir se délecter des bons mots « truffant » le texte, Daniel Mesguich, diction admirable, voix modulée dans les moindres nuances, perruque poudrée, culottes à la française est Talleyrand, brillant manipulateur. Il se livre à un véritable « numéro » de virtuose.
Son fils William, sombre et frustre Fouché, dangereux mais incontournable adversaire, se révèle moins convaincant dans son rôle que son père : forçant par ses grimaces le coté sanguinaire, voire sadique du personnage, imbu de sa toute-puissance grâce aux redoutables dossiers en sa possession.
Quant à l’enjeu de la pièce- la restauration de la monarchie à la suite de la chute de l’empire- s’il fascine toujours un public flatté « d’entrer » dans le jeu du pouvoir, de « découvrir » ses mécanismes secrets, ses alliances motivées par la seule ambition effrénée et l’opportunisme de deux personnages que tout oppose, ainsi écrite par l’auteur de « Pascal-Descartes » il se résume à un brillant mais très artificiel jeu d’écriture sans jamais donner à ces protagonistes de véritable épaisseur : du Guitry après Guitry en somme.
Démenti fatal d’une admiration passagère.
La relecture de quelques pages des Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand évoquant la période suffisent à s’en persuader.