Capable du meilleur (« Extinction » « Fin de partie ») comme parfois du pire ( La dernière bande » « Le roi Lear »).
A son sommet dans « Le Réformateur ».
Rencontres inoubliable entre l’auteur et son interprète,
Entre l’interprète et son metteur en scène,
Dans les décors de Nicky Rieti, les costumes de Chantal de la Coste, les lumières d’André Diot.
Qu’il nous rappelle Argan, le Malade imaginaire, coiffé d’un turban, drapé dans un drap blanc, tel un linceul,
Voltaire , emmitouflé dans sa somptueuse robe de chambre,
Un illuminé dans ses délires paranoïaques tel Rousseau, (Transpositions et références au Siècle des Lumières voulues par André Engel)
Serge Merlin campe, avec d’infinies nuances, dans d’infinis registres,
Ce personnage à la fois odieux et touchant, moribond et pugnace, fragile et despotique, hargneux et doux, simulateur et sincère.
Portées à leur paroxysme, toutes les contradictions du philosophe se déploient tel un poème épique, scandé, éructé, grogné, aboyé, murmuré ; surprenant, séduisant, consolateur, provocateur, désespéré, émerveillé.
Face au déluge verbal, à la déréliction, le silence, la soumission, l’attachement et le dévouement de sa compagne incarnent une autre force : la sagesse.
Canonnades d’imprécations et douceur des murmures, cataractes de griefs et suavités susurrées se succèdent, s’interpénètrent, frénétiques et ambigus, chez cet anarcho- nihiliste, succombant aux distinctions pour ne les dénoncer qu’avec plus de rage et fureur.
Toilette et caprices de malade à satisfaire, séance de tricotage ou partie de cartes, essayages obligés et répétition de la cérémonie, projets de voyage impossibles ou rêveries gourmandes, critiques acerbes et fureur déchainée, composent un formidable précipité bernhardien.
Humour et noirceur indissociables,
Imprécations vivifiantes,
Révolte salutaire,
Miraculeuse cure de jouvence face au consensus mou.