Comblé!
Après avoir été joué depuis 2006 par Catherine Frot, Pierre Arditi, Catherine Hiégel, voilà son dernier opus interprété par Robert Hirsch.
Disons-le sans embage: la pièce repose entièrement sur ce prodige théâtral. C'est lui qui la porte véritablement de bout en bout.
Après nous avoir ravis, et au-delà, en 2009 dans "La Serva Amorosa", le voilà qui retrouve la salle de l'Hébertot toute fraîchement revêtue de moire cramoisie.
Le thème de la pièce, douloureux et actuel, décrit l'irrémédiable naufrage d'un père atteint par la maladie d'Alzheimer, face à sa fille aimante et dévouée, contrainte à l'abandon.
S'enchaînant avec rapidité, les courtes scènes du début suscitent chez le spectateur un réel trouble provoqué par les échanges de personnages, les télescopages de situations, les oublis et les confusions du père. Cette déstabilisation du public relève d'une indéniable efficacité. Robert Hirsch tour à tour capricieux, enjôleur, entêté ou perdu, confère au personnage son incomparable humour, ses intonations si inattendues et si particulières.
Passé ce bon début le texte de la pièce, qui aurait grand besoin d'être resserré, verse dans un réalisme au premier degré et voit se succéder des tableaux entre la fille et son compagnon, si convenus qu'ils en deviennent ennuyeux. Cependant chaque apparition de Robert Hirsch sur le plateau, confère à la scène une toute autre dimension.
A la fin, hospitalisé, ombre translucide et pathétique, il donne à son personnage toute sa force dramatique, rend véritablement poignante cette fatale déchéance.
Le beau décor unique, et intelligemment modulable, signé Emmanuelle Roy, les lumières très présentes d'Alain Sauvé qui accentuent les situations, contribuent aussi à la mise en valeur du spectacle.
Décidément les bonnes fées accompagnent Florian Zeller.
Il a beaucoup de chance.