Pour inaugurer sa direction artistique du Téâtre Hébertot, il a choisi un chef d'oeuvre de Labiche :
"Le Plus Heureux des Trois.
On ne saurait l'en blâmer, le texte est d' or.
Avec la collaboration de Gondinet ( ça ne s'invente pas ) la pièce obéit à un mécanisme éblouissant de précision, de concision, d'efficacité.
Toute l'hypocrisie d'une société que seule régit la "Vertu" érigée en règle de vie, y est ici prétexte aux situations les plus folles et les plus absurdes.
Avec pour seul mobile l'adultère, lâcheté, veulerie, faux-semblants , bassesses , chantages, rapport de forces, régissent les conduites pitoyables et risibles de chacun des protagonistes , maîtres et serviteurs confondus.
Labiche dénoncent nos faiblesse avec bonhommie et férocité , subtile dosage maîtrisé avec un art consommé.
A ces exigences répondent celles de l'interprétation
Certes, ici pas de relecture fâcheuse.
Certes, pas de trahison navrante.
Certes les décors de Jean-Michel Adam et les costumes de PascaleBordet recréent le cadre idéal pour la pièce.
Encore faudrait-il savoir insuffler au texte le rythme qui lui fait cruellement défaut.
Et que dire des principaux personnages masculins.
Jean Benguigui n'a ni le physique du rôle, ni le ton du personnage. Son jeu ne sort jamais du registre bougon.Limité ! Jamais une once de folie, un soupçon de fantaisie. En Marjavel on se prend à rêver d'un Jean Le Poulain.
Arthur Jugnot quant à lui brille par sa transparence. Il est inconsistant notre amant audacieux, notre suborneur de petite paysanne. Mièvre, dénué de superbe, sans abattage, pas convainquant en somme.
Cohérente et de qualité, on souffre pour le reste de la distribution.
Avec des vitamines en plus, ce Labiche anémié reprendrait des couleurs.
Souhaitons qu'il ne soit pas trop tard pour les lui administrer.
La qualité du texte le réclame.