Parfaitement réglé.
Duo à l’unisson.
Un homme au téléphone annonce à son épouse l’arrivée d’un ancien client.
Une venue qui provoque sa vive curiosité.
Une voix off nous annonce que nous sommes en présence d’Alan Dershowitz, avocat, et de son ancien client, Claus von Bülow, accusé dix ans plus tôt du meurtre de sa femme et condamné en première instance.
Un procès en appel et l’obtention d’un acquittement inespéré lie les deux hommes.
Le premier a épargné trente ans de prison au second.
Un retentissant succès, suivi d’une notoriété jamais démentie pour le jeune avocat.
Doutant encore de l’innocence de son ancien client,
cette visite va-t-elle enfin permettre de percer le mystère autour de la mort de cette femme richissime?
C’est tout l’enjeu de la pièce.
Un pari relevé.
Confirmant la curiosité jamais démentie des publics pour ce genre «d’évènement», (un film avec Jérémy Irons et Glenn Glose en avait déjà été tiré),
exploitant avec intelligence toutes les énigmes de cette mort,
la pièce d’Alain Teulié a su rendre palpable et très vivant le jeu fascinant auquel se livrent les deux protagonistes.
Face à l’ attitude déconcertante de von Bülow, Dershowitz, malgré toutes ses questions déstabilisantes, son insistance, ses arguments imparables, ne parviendra jamais à satisfaire sa quête de vérité.
Provocateur, simulateur, séduisant, troublant dans certains aveux:
«Depuis sa mort je vis avec le fantôme de ma femme, alors pourquoi voudriez-vous que je l’ai tuée» von Bülow ne se laissera jamais aller à la confidence.
Patrixk Chesnais et Nicolas Brançon, forment ici un parfait duo.
Ils maitrisent leurs rôles avec toute l’aisance de leur talent respectif,
Dans un splendide décor de Jean Haas, ils évoluent sous les lumière de Laurent Béal.
Un bel ensemble qui contribue à la qualité du spectacle.
Seul réserve, l’horrible perruque châtain toute bouclée dont est affublé Nicolas Briançon. Un symbole mal choisi pour illustrer la seule marque de ses modestes origines juives face à l’élégance toute aristocratique de son client, qu’il n’hésite cependant pas à qualifier de «gigolo» allusion peu flatteuse à son riche mariage.
En dépit des échanges souvent vifs et peu amènes entre les protagonistes, le dénouement nous révèle peut-être, dans une ultime esquive de von Bülow, le véritable «mobile» de sa visite.
Elle nous plonge définitivement dans toute la complexité des sentiments humains.
Je vous en laisse la surprise.
Elle surprend et émeut venant de cet individu pas vraiment sympathique.
Certes le spectacle est conventionnel,
Sans danger.
On le savait.
Mais pourquoi bouder si bel ouvrage?
Une soirée parfaitement menée, où l’on ne s’ennuie pas une minute,
Lulu applaudit sincèrement à la performance.