Texte incendiaire
Humour ravageur.
En 1900 la parution du «Journal d’une Femme de Chambre» fit scandale.
L‘écoute des premières confidences de Célestine s’avèrent édifiantes.
Notre camériste vient d’être engagée chez les Laulaire, notables de province, sa douzième place en deux ans.
Instabilité révélatrice d’une femme libérée.
Fraîche, gracieuse, jolie, Célestine sort de son bain.
Elle ne fait pas mystère de son goût immodéré pour les plaisirs de la chair.
Pas farouche, elle s’accommode des avances de ces messieurs pour mieux s’en jouer, ici celles de Monsieur Laulaire, époux délaissé par sa femme frigide et bigote.
Elle sait aussi s‘amuser des déviances d’anciens de ses maîtres.
Notre Célestine n’en n’est pas moins sensible au mépris de ses employeurs traitant leurs domestiques:« pis que des bêtes», ici Madame Laulaire, seulement préoccupée de la conservation de ses biens et maniaque de surcroît.
A la nouvelle de la mort de sa mère surgit une enfance misérable, dévastée, effroyable.
Au Prieuré, (nom prédestiné), vit encore Joseph, le cocher-jardinier.
Vieux, laid, férocement antisémite ( nous sommes en pleine affaire Dreyfus) il attire irrésistiblement Célestine. Violeur et assassin de la petite Claire, une enfant de douze ans retrouvée dans les bois, Célestine experte en noirceur d’âmes, sera la seule à le soupçonner d’être l’auteur de ces crimes restés impunis.
Liés par ce pacte du silence, Joseph et Célestine se marieront et deviendront propriétaires d’un café. Financé par le vol de l’argenterie de Madame Laulaire, repaire des pires réactionnaires,
sa prospérité sera assurée par la présence accorte de Célestine.
Écriture au scalpel, étincelante de clarté, maîtrisant ses effets, Octave Mirbeau nous dresse le portrait assassin de la pire des humanités.
Piquante, vive, intelligente, sombre ou gouailleuse, la ravissante Célestine de Lisa Martino, malgré toutes ses compromissions, sait aussi nous émouvoir. Elle incarne, telle un Stradivarius, les plus fines nuances de tous ses personnages, à commencer par le sien.
Metteur en scène chevronné, Nicolas Briançon a su tirer le meilleur parti de la scène de la Huchette comme il sa su choisir en Lisa Martino, la brillante interprète de Célestine.
Bravant le froid, de nombreux spectateurs se pressaient devant la salle mythique.
Lulu a partagé leur enthousiasme.
Elle ne saurait trop vous recommander d’en suivre l’exemple.
A noter absolument sur vos tablettes.
Décapante et drôle,
Une belle soirée de théâtre.