« Je sais pourquoi tu ne veux pas me le montrer. Parce que tu es juif et que tu as le zizi coupé en deux ».
Interrogation anatomique restée sans réponse alors,
Origine d’insondables mystères pour un gamin qui jusqu’alors se voyait simplement « grenoblois »,
Comment résoudre l’énigme soudain posée ?
La quête ne prendra fin qu’à l’âge adulte, secret percé par la découverte de la tragédie d’une famille enfin révélée.
Adaptée de son roman éponyme, on ne peut que se féliciter de la reprise de cette pièce créée, comme « La Machine Turing » au Festival Off d’Avignon.
Sous la plume de Jean-François Derec,
Bannis pleurs, plaintes, pathos.
Cette remontée aux origines d’une famille polonaise juive,
Obsédée seulement par la farouche volonté d’assimilation,
Et son corollaire : l’occultation du passé,
N’est que source de plaisanteries et d’humour où le cocasse le dispute à l’absurde.
De la naïveté de l’enfant aux « curiosités » de l’adulte,
Surgissent d’irrésistibles portraits, descriptions hautes en couleurs, découvertes d’une drôlerie inattendue ;
Vie de famille, mère juive, scolarité, catéchisme, rencontre de juifs sépharades, cérémonies traditionnelles :
Scènes débordant de vie, toutes prétextes à de truculentes évocations, savoureuses et animées,
Hilarantes toujours.
Parfaitement dirigé par Georges Lavaudant,
Seul en scène, pratiquement sans décor hormis la tablette sur laquelle reposent cinq verres de vin,
Entre gestuelle et diction, observés à la perfection,
L’ensemble des personnages incarnés par Jean-François Derec, surgissent, burlesques, confondants d’authenticité.
La tragédie transfigurée sous le prisme de l’humour,
Un texte pudique, pétri humanité.
Dans l’autodérision euphorisante,
Une soirée de grande qualité.