L'histoire met en scène, au seuil de l'hiver dans un village isolé et désert, des parents vieillissants qui s'interrogent:
qu'est devenu le fils parti depuis longtemps alors que leur unique et seul voisin affirme qu'il se trouve en prison.
Après le saisissement de "Rêve d'Automne" et "Hiver", le choc suscité par la révélation de cette écriture singulière, je crois n'avoir manqué aucune des pièces de Jon Fosse jouées à Paris.
Son talent extraordinaire parvient à nous plonger dans les situations de tension paroxistique avec un sens de l'ellipse et du non-dit poussé à l'extrême.
Hermétique parfois.
Abscons jamais.
Bien au contraire.
Débarrassé de toute scorie c'est une manière unique de nous plonger au coeur des drames, de nous faire ressentir l'essence même des êtres, la violence de leurs passions, de leurs peurs, de leurs impuissances.
L'épure est absolue.
L'intensité exceptionnelle.
Alors pourquoi "Le Fils" ne tient-il pas ses promesses?
Où faut-il en chercher les raisons?
Chez l'auteur peut-être? Cette oeuvre précède chronologiquement celles qui ont précédemment été montées à Paris. Son histoire es complètement linéaire, ses personnages marqués du sceau de l'évidence.
Dans le réalisme du décor? Cette gigantesque toile peinte avec fjord obscur et menaçant, baigné par des eaux d'un bleu céruléen, est fort laide. Surprenant de la part de Jean-Marc Stehlé.
Dans le réalisme encore de la direction d'acteur de Jacques Lassalle?
Dans le jeu de ses grands interprètes? Michel Aumont et Catherine Hiégel, au demeurant forts subtils et nuancés, d'une incontestable présence sur scène, jouent très juste mais toujours au premier degré.
Seul Jean-Marc Stehlé apporte cette note rare, indispensable, dans le personnage troublant du voisin.
Ces caractéristiques enlèvent tout mystère à l'oeuvre, mais elles la rendront surement accessible à un très large public.
Et puis Jon Fosse affirme lui-même qu'une fois ses pièces écrites il ne se souciait plus de la façon dont elles étaien montées.
Moi je regrette infiniment de ne pas avoir retrouvé l'auteur tant admiré;