de grands et beaux souvenirs théâtraux ont marqué nos mémoires sous la précédente direction du 14 par Emmanuel Dechartre.
Nommés par Christophe Girard, Mathieu Touzé et Edouard Chapot, jeune duo de sympathiques trentenaires, en assurent le relais.
Affichant leurs ambitions, inscrivant leur projet dans la «modernité»,
Ils s’engagent, dans leur discours de présentation
«A prendre la régénération de la pensée en charge»
Au nom de l’incontournable «Vivre ensemble» ;
Nous enjoignant de ne pas nous complaire:«Dans le divertissement»,
Et s’interdisant de faire du théâtre un lieu qui nous «Protège».
Tenons-nous le pour dit.
Que le spectacle commence.
Pour cette soirée inaugurale, un texte de Pascal Rambert.
Auteur contemporain, son succès l’a mené, l’été dernier, jusque dans la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon avec «Architecture», un spectacle qui, pour la première fois, a partagé la critique.
Toute honte bue, Lulu reconnaît sa méconnaissance du dramaturge.
Cet évènement dans le microcosme théâtral parisien n’a fait qu’aiguiser sa curiosité et grandir sa soif, tardive mais sincère, de la découverte.
Présenté sous forme d’une lecture musicale, accompagnée à la guitare électrique par Alexandre Meyer, le titre de la pièce illustre clairement une évocation totalement autobiographique.
Découverte de l’autre, tortures de la séparation, affres de la passion, impatiences du retour, feux de l’acte charnel, fol espoir d’éternité du sentiment sont tour à tour évoqués, énumérés par l’auteur.
Faisant alterner leurs voix, les deux interprètent se répondent en écho, reprenant le plus souvent les mêmes phrases, le volume de la musique évoluant suivant les moments, trop forte parfois, silencieuse aussi.
De curieuses «envolées lyriques» font appel à un bestiaire ou au monde végétal, noms d’animaux et noms de fleurs, d’arbres, mis simplement bout à bout, accumulés.
Sortes d’intermèdes poétiques, ils s’intercalent entre de plates descriptions géographiques, locales, sexuelles, tristement réalistes, banalement crues.
Marina Hands, frange au carré, lunettes scolaires, court vêtue dans sa robe de jean ciel, collants noirs et baskets blanches, en dépit de cette tenue peu flatteuse, irradie d’une grâce et d’un éclat éblouissants.
Diction parfaite, sourire éclatant, fraîcheur délicieuse, elle porte véritablement l’oeuvre de Pascal Rambert, pâle interprète de ses propres écrits, à la diction approximative, aux intonations incolores.
Elle seule parvient à soutenir notre intérêt pour suivre ce texte dont l’écoute devrait faire vibrer tous nos sens et qui ne se résume qu’à une litanie dépourvue de tous les sortilèges de l’amour.
N’en déplaise à d’aucuns, assumons:
Si la sincérité de Pascal Rambert ne fait pas de doute,
Son écriture n’a pas su trouver le chemin de mon coeur.
Lulu espérait se consumer,
Concentrée, placide, voire indifférente, elle s’est contentée d’entendre et écouter.