Entièrement autobiographique, le récit nous plonge au coeur de ses souvenirs de famille.
Sur scène, une salle de cinéma avec ses fauteuils cramoisis.
Clairsemés, quelques spectateurs les occupent.
Un frêle jeune homme en fond de plateau se présente. Christophe Honoré fait l’annonce de son film:
L’histoire de sa famille depuis trois générations.
Le récit débute pendant la guerre. Sous les bombardements allemands sa grand-mère
rencontre son deuxième mari, père de ses huit enfants.
L’histoire se poursuivra jusqu’au départ de l’auteur pour Paris.
Dans un jeu de télescopages, d’aller- retours, de projections d’une adresse indéniable, Christophe Honoré va faire prendre vie aux spectateurs de la salle métamorphosés en spectateurs de leur propre vie.
Entre eux, aussi avec le réalisateur, apparaissent rapidement désaccords, reproches, corrections diversement formulés.
«Pourquoi remues-tu le passé?» interroge un oncle.
«Ressusciter les morts, jolie façon de faire revivre sa famille» réprouve un autre.
Pas davantage épargné par le doute, le réalisateur s’interroge,
Qualifie de «profanation» cette appropriation de la vie des autres,
Questionne son besoin de renouer avec un milieu populaire auquel il n’appartient plus depuis longtemps.
Deux oncles s‘animent les premiers.
L’aîné invective le cadet sur son suicide. Joueur patenté, alcoolique invétéré, dans l’impossibilité de rembourser l’argent charitablement prêté par l’aîné, il s’est tiré une balle dans la tête enfermé dans les toilettes.
Le ton est donné.
Le malheur, la pauvreté ne font pas de quartier.
Suicides, folie, accidents, maladie s’abattent sur chacun.
Les récits s’enchaînent égrenant les situations dramatiques.
Vies brisées, subies, provoquées par l’époque, la pauvreté, l’incompréhension.
Heurts et basculements rythment l’action,
Dialogues hauts en couleur pimentent les échanges, font rebondir les répliques.
Ils restituent toutes les facettes de ses personnages aussi méprisables, détestables, qu’attachants et émouvants.
Incarnés des comédiens tous d’une authenticité confondante,
De pauvres humains pris dans les rets de la fatalité.
Regrettant quelques longueurs
Et malgré son caractère exhibitionniste,
Lulu s’est laissé prendre:
Christophe Honoré l’a transportée dans « Le Ciel de Nantes».