Qu’il laisse éclater sa joie à l’arrivée de cette dernière, vous voilà attendri,
Qu’il explose de colère dans ses moments de rage, c’est le tonnerre qui gronde à faire trembler les murs,
Qu’il révèle le secret de sa vie au fiancé de sa filleule, et c’est un grand moment d’émotion pudique, tout en retenue.
Jean-Claude dreyfus est cet ogre débordant de tendresse et de sensibilité, Jacques, restaurateur à la retraite, vivant seul dans la maison provençale des parents de Léa récemment disparus.
Vite passé le moment de joyeuses retrouvailles : Léa s’est fiancée avec Fahed qui l’accompagne, cuisinier aussi. Ce partisan de la cuisine moléculaire aux origines libanaises provoquera aussitôt quolibets racistes et railleries gastronomiques de la part de Jacques qui considère avec suspicion l’arrivée de cet « intrus ».
La nouvelle de la vente de la maison par Léa finira d’accabler notre gourmet rabelaisien.
Se voir chasser de chez lui pour financer le restaurant du « rival » achèvera notre homme.
Son ire sera reflet de son désespoir.
Sa résignation celle du vaincu.
Aux affrontements, algarades et règlements de comptes tour à tour imagés, sans fards ou aux accents parfois déchirants succèdera un joli dénouement de réconciliation apaisée.
Pour sa première comédie, douce-amère, Marilyne Bal aborde avec finesse et non sans sensibilité le problème du rôle des vieux, des rapports entre générations, du regard sur « l’étranger »traités avec un réel sens dramatique, appuyé par l’humour, arme imparable dont elle maitrise l’utilisation.
Autour de Jean-Claude Dreyfus, sous la direction d’Anne Bouvier, Julia Duchaussoy est une Léa faussement assurée dont on découvre les blessures et Frédéric Quiring, Fahed l’ambitieux- perturbateur se révèlera l’élément fédérateur.
Pivot du trio, dans le décor dépouillé mais évocateur de Sophie Jacob, la table occupe parfaitement son rôle central.
Ne vous privez pas de ce très savoureux moment,
« Le chant des oliviers » s’écoute avec délices,
Une soirée gorgée de soleil.