Ses personnages redoutables, séduisants, comiques, despotiques, brutaux, désespérés et impuissants sont fascinants.
" Baroxysme" est la définition créée par Marcel Maréchal qui entretient depuis des décennies une proximité particulière avec la pièce.
Mêlant aventures épiques vécues au temps des croisades, quête de Dieu et renoncement à la foi, truculence et mysticisme, opposition entre orient et occident, le souffle poétique d'Audiberti est admirablement servis par tous les interprètes.
Marcel Maréchal successivement en père bafoué, autocrate byzantin et calife, imprime à chacun de ses rôles son immense talent, comique ou impérieux, languide ou cruel.
A ses cotés Marina Vlady fait merveille en mère possessive, princesse délaissée, et femme implorante, tour à tour autoritaire et rude, femme blessée ou muette implorante.
Mirtus est joué par Mathias Maréchal. Il en possède la stature de chevalier et l'audace de l'aventurier. Trousseur de jupons et lame facile, resplendissant de force et de vigueur, anéanti soudain par la rencontre de l"Homme".
C'est à Emmanuel Dechartre que revient la plus difficile des partitions. Cette fois encore je salue son talent. Après Montaigne, le voilà dans le rôle de l'"Homme". Impressionnant de justesse et de retenue, il donne toute son intensité, sa profondeur et sa spiritualité à ce supplicié "Las des hommes".
Enfin je ne peux oublier de citer Antony Cochin, en médecin dont la force comique se révèle cette fois encore.
Costumes et toile peinte de Jacques Angéniol viennent parfaire en complète harmonie ce spectacle.
Assurément un des meilleurs de cette fin de saison.