Sa précédente déception pour « Les Derniers Jours de Stefan Sweig », du même auteur, avec Patrick Timsit et Elsa Zilberstein au Théâtre Antoine, aurait dû la mettre en garde (Lulu d’octobre 2012).
La nouvelle tragédie évoquée dans cette adaptation théâtrale du roman de Laurent Seksik ne l’a pas davantage émue.
Et pourtant…. Quelle tragédie familiale, quelles douleurs endurées : La schizophrénie dont était atteint un fils d’Albert Einstein.
Drame familial au cœur de la tourmente de la montée du nazisme, des persécutions contre les juifs.
« Un fils à l’asile, un père en exil » résume sobrement le programme.
Effrayantes accumulations.
Le sujet de la pièce révèle un pan caché de la vie du l’immense savant,
Evoque les tourments d’un père impuissant qui se culpabilise,
Les souffrances de ce fils, jeune étudiant en médecine, interné dès l’âge de 23 ans, à Zurich.
Le travail est documenté :
Les symptômes de la maladie décrits avec la terrible exactitude du praticien (l’auteur est aussi médecin), les longues années passées en milieu psychiatrique, les traitements « cruels » et décérébrants.
La personnalité du savant, ses relations avec son ex-épouse, (une mère aimante demeurée en Suisse), le départ d’Allemagne, les soupçons du F.B.I. à son arrivée à Princeton, sa mort, sans avoir revu son fils, après-guerre, en 1951.
L’atmosphère et les évènements politique de ces années, tous relatés avec le même souci d’authenticité.
Les protagonistes évoluent sur un plateau divisé en deux : un décor pour Edouard : l’asile sa chambre chez sa mère, de l’autre le bureau de son père, Einstein, en Allemagne, puis aux Etats-Unis.
Le jeune Hugo Becker vit la folie d’Edouard. Juste, studieux et appliqué, il joue « réaliste », avec constance. Rien de singulier.
Josiane Stoleru, comédienne chevronnée, apporte toute la douceur de cette mère qui « comprend », et seule atténue, les tourments de cet enfant torturé par les hallucinations, le poids de la célébrité de son père.
Imposant, Michel Jonasz confère à Albert Einstein une certaine épaisseur. Vieilli, perruqué, tassé, discret, il laisse percevoir sous un calme apparent, sa détermination comme ses inquiétudes et ses angoisses.
En dépit du sujet traité,
Insuffisant pour oublier un texte de bon élève, une écriture convenue,
Un manque patent de développement et d’intensité dramatique.
Comme pour « Les derniers jours de Stefan Sweig », un récit réaliste et linéaire.
Laissant Lulu, étrangère à toute émotion, pour le moins indifférente pour ne pas dire lassée.
Du théâtre scolaire.
Fastidieux.