Avec une rare économie de gestes, le comédien entame un récit qui fascine dès les premières minutes.
L' élégance absolue de la langue, la rare profondeur de l'analyse, l'étonnante connaissance des tourments des sentiments et des cœurs faisaient de Madame de la Fayette un auteur unanimement reconnu par ses contemporains.
Aujourd'hui encore, telle beauté vous laisse interdit.
Interdits nous le sommes aussi face à ce récit. Alors que nous vivons l'époque de toute les licences, cette histoire de révélation de la passion amoureuse et la hauteur des sentiments qui conduisent à son renoncement, résonne avec une grandeur dont l'idée même nous parait inconcevable.
Dominés mais invaincus, affres et tourments affligent nos héros.
Le désespoir et l'affliction sera leur lot.
Leur grandeur à jamais préservée.
Marcel Bozonet a réglé son interprétation sur ses personnages: jamais il ne laisse transparaitre l'intensité des amours déçues de Monsieur de Clèves, celle de l'amour révélé chez Madame de Clèves, et celui sans espoir de Monsieur de Nemours.
S'il ne fait pas vivre véritablement ses personnages sous nos yeux, il nous donne à entendre le texte avec une rare sensibilité .
Ainsi lui confère-t-il toute sa résonnance.
Madame de La Fayette ne l'eût pas réprouvé.