Vêtue dans des nuances grises aussi, Anne, Catherine Hiegel la Mère, accueille après une longue journée de solitude et de désoeuvrement un mari, justifiant son retard au prétexte d'une réunion préparatoire pour un prochain séminaire.
Reproches et récriminations fusent, Pierre, Jean-Yves Chatelais le mari, parait pourtant compatissant et résigné.
Vite nous comprenons le désarroi de cette femme, aujourd'hui seule, après le départ de ses enfants devenus adultes et les infidélités d'un mari aux absences répétées.
Plus douloureux que tout, pour elle, le silence persistant de son fils parti vivre un amour qu'elle refuse d'accepter.
La douleur de cette absence la ronge jusqu'à la folie.
Seul le retour de Nicolas, Eric Caravaca le fils, après une dispute avec sa compagne Elodie, Olivia Bonamy, lui rendra, momentanément l'envie de vivre,voire l'illusion de revivre avant la nouvelle séparation provoquée par la réconciliation des amoureux .
Peut-on trop aimer un fils?
" Tu préfères me détruire plutôt que me laisser partir " lui assène Nicolas.
Cependant un mélange de pilules et d'alcool la conduiront au seuil de la mort.
Eperdue de chagrin après ce suicide manqué,et contre toute attente, c'est dans les bras de ce mari pourtant honnis qu'elle finira par trouver tendresse et réconfort.
Si beaucoup de Mères ayant tout donné à leurs enfants, leur mari, leur maison, se retrouvent comme entièrement dépouillées après le départ des petits devenus grands, elles devenues vieilles, les maris " arrivés" devenus volages, les excès d'Anne aux début de la pièces sont particulièrement réussis. Dans une première scène d'une grande intensité dramatique, avec les propos à la fois provocateurs et " incorrects" tenus par cette femme déjà fortement alcoolisée assènent quelques vérités salutaires pas toujours agréables à entendre.
La tension du début cède malheureusement place à un jeu sur le " rêve" ou " les illusions " du personnage avec de trop nombreuses scènes reprenant les mêmes situations vécues sous différents angles de réfractions.
Procédé provoquant une inévitable lassitude, une " dilution " de l'action dramatique.
Après un début étincelant, il nous reste comme un arrière-goût.
Ce n'est pas ce que nous souhaitions de la part de ce jeune auteur toujours et encore joué par les plus grands interprètes.
Mais sait-on jamais.
Un moment de faiblesse n'est pas à exclure.
C'est toute la fragilité de l'acte théâtral.