Dans un mélange de vénération et de haine, il s’oppose à sa mère, redoutable gardienne du temple, intransigeante conservatrice d’une figure légendaire.
Doutant de lui comme de l’intérêt des invités, il refuse à celle-ci de se plier aux mondanités d’une brillante soirée organisée pour la lecture de ses poèmes.
Alors qu’elle se voit interdire l’entrée du salon, l’arrivée d’une femme inconnue éveillera la curiosité du jeune poète.
La rencontre avec « l’intruse » sera la source de force révélations.
Du trouble provoqué, puis des secrets dévoilés, se dessinent des lézardes sur la « statue du Commandeur «.
Des lâchetés viennent ternir son image, l’égoïsme écorner sa générosité. La falsification faire place à la vérité.
Pour Friedrich, une libération émancipatrice.
Pour Leonore sa mère, la fin d’une légende jalousement entretenue,
Pour Maria, l’inconnue, une paix enfin retrouvée.
Terrain de la discorde entre mère et fils, la maison-musée quittée par Friedrich deviendra le refuge des deux femmes ennemies.
Rivales enfin reconciliées dans le souvenir de l’aimé disparu.
Mise en scène par Christophe Lidon dans les beaux décors en panneaux de verre art-déco de Catherine Bluwal inspirés de ceux de Barillet ( collaborateur de Mallet-Stevens) on retrouve dans la distribution Nathalie Dessay pour son retour au théâtre face à Macha Meril. Bernard Alane campe le biographe éditeur soumis, Gaël Giraudeau le fils rebelle et Valentine Galey sa sœur libérée par son mariage ;
Plus intéressant que cette séduisante distribution, est le sujet de la pièce.
Auteur célèbre dans toute l’Europe, Stefan Sweig dresse un portrait sans concession de son pareil :
La tyrannie exercée par tout créateur uniquement préoccupé de son œuvre, son égoïsme absolu, son indifférence pour les membres de sa famille, la lourdeur de l’héritage d’un nom composent le portrait d’un détestable personnage.
Contradictoire, l’amour qu’il suscite auprès des êtres qui l’ont aimé, adulé, sans réserve, allant jusqu’à lui sacrifier leur propre existence.
Les exemples sont foison.
Stefan Sweig nous en donne l’ illustration surannée dans cette pièce inédite.