Ses parents, juifs ukrainiens, fuyant la Russie, émigrèrent au Brésil.
Sa mère, victime d'un viol lors d'un pogrom contracta la syphilis.
Elle espéra en guérir en mettant au monde un enfant (Clarice), mais cette maternité n'empêcha pas la maladie de l'emporter.
Tirées de "La Découverte du monde" ces chroniques(publiée par le "Jornal do Brasil" entre 1967 et 1973) évoquent tour à tour ses interrogations métaphysiques, ses contemplations éblouies devant le spectacle de la nature, ses suppositions sur l'origine de l'oeuf, ou encore l'évocation de son caractère impossible, et son incapacité définitive d'adaptation sociale.
Clarice Lispector a su conserver à jamais intacte son âme d'enfant. Voilà ce qui confère une singularité quasi magique à ces textes. Il en ressort des phrases à l'indéniable force poétique, des raisonnements à l'absurdité toute "Carollienne", à la sensibilité à fleur de peau ("Vivre à l'orée de la mort est une vibration que les veines ne peuvent supporter"), à l'imagination la plus débridée.
Oubliez toute logique et acceptez le personnage fantasque.
Bruno Bayen a le mérite de faire partager son admiration pour cet écrivain et utilise quelques astuces de mise en scène sensées animer le plateau et rythmer le spectacle.
Emmanuelle Lafon en est l'interprète idéale, elle incarne véritablement l'Auteur, habite ce personnage aux mille facettes avec un talent certain.
Il n'en demeure pas moins que cet exercice très en vogue depuis quelques années (restrictions budgétaires obligent?) comporte des risques dont l'ennui n'est pas le moindre. Bruno Bayen n'a pas su éviter cet écueil dont à mes yeux seuls Sami Frey ou Jacques Sereys ont su triompher*.
Un texte littéraire n'est pas une pièce de théâtre. Il lui manquera toujours la progression dramatique.
* A ce sujet je vous rappelle la reprise de "Premier amour" de Samuel Beckett avec Sami Frey à l'Atelier et "A la recherche du temps Charlus" et "Du côté de chez Proust" avec Jacques Sereys au Vieux Colombier.