Je n’ai eu que davantage de plaisir en assistant à cette délicieuse « Dégustation »
Assurée d’ être partagée par un public aussi nombreux que comblé.
Cette charmante comédie, enlevée, joliment troussée, truffée de bons mots dont raffolent les spectateurs,
Relate la romantique histoire d’amour qui s’instaure entre une jeune femme, aristocrate catholique et « charitable », toujours célibataire, et un caviste bourru et divorcé.
Centré autour du vin, sujet judicieusement choisi par notre auteur,
L’intrigue réunira aux cotés de ces deux principaux personnages,
Un jeune délinquant engagé en stage de « réinsertion », le voisin libraire et dragueur impénitent, ainsi qu’un autre protagoniste, le docteur et client du caviste.
Isabelle Carré, plus exquise que jamais, délicate, subtile, fine, et gracieuse, incarne avec toute sa fraicheur l’évolution de cette jeune femme.
Derrière ses grosses lunettes, plutôt nigaude, maladroite, empruntée, mais débordant de bons sentiments, son Hortense de la Villardière révèlera progressivement son insoupçonnable féminité, comme ses blessures, son naturel désarmant et ses dilemmes.
Abrupt, bougon, taiseux, grognon, sous cette apparente rugueuse : sa carapace pour dissimuler un drame trop longtemps refoulé,
Bernard Campan est un formidable Jacques, le caviste dangereusement porté sur la dive bouteille.
Impossible de ne pas citer la composition irrésistible de Mounir Amambra, en petit délinquant au parler « reubeu », vif, malin, et attachant malgré sa tendance irrépressible à récidive.
Eric Vieillard est aussi juste dans le rôle du libraire ami du caviste. Dragueur expérimenté et vieillissant, solitaire aussi, s’il échoue dans ses tentatives de séduction d’Hortense, il dévoilera malgré lui la cause de la tragédie vécue par Jacques ;
Patelin, bonhomme, tout en rondeur, Olivier Claverie exprime, autorité tranquille, sa philosophe bienveillance de praticien non moins épicurien et amateur de bons vins.
La scénographie d’Edouard Laug compose un chaleureux écrin de bois à cette comédie où rien n’a été négligé par l’auteur metteur en scène.
Un très joli spectacle parfaitement abouti.
La Dégustation : avec quelques notes graves, une comédie qui reste légère comme les bulles de Champagne.
A prescrire sans restriction.