Ses "Paroles Gelées" d'après Rabelais ( chronique du 5/04/2012) lui valurent un "Lulu d'Or" .
Je me félicitais de sa récente nomination à la tête du T.G.P.à St-Denis.
Après une fâcheuse confusion de date, je suis allée jusqu'à racheter des billets pour ce spectacle.
Cuisante désillusion .
Cerveau embrumé, idées envolées, inventions oubliées, démonstration engluée, texte entrelardé de refrains minables repris en chœur, costumes "deschiens" qui "déteignent" sur une mise en scène datée , Jean Bellorini semble victime d'une complète disparition de l'exceptionnel talent auquel il nous a habitué.
Ses comédiens sont au même diapason: voix criarde, longue et maigre, visage ingrat, Karyll Elgrichi est une pénible Shen Té, François Deblock, physique obligé à la Pierre Niney, androgyne et fluet, n'est pas meilleur en marchand d'eau, sautillant nerveusement, s'agitant fébrilement. Camille de la Guillonnière, si drôle pourtant, est navrant dans son rôle de travesti que rien n'imposait. Passons sur les autres, tous médiocres pour ne pas être plus sévère. Seuls émergent les deux marchands de tapis, Claude Evrard et Danielle Ajoret.
Et n'est pas Kurt Weil qui veut .Non content de signer la mise en scène Jean Bellorini nous gratifie de sa "musique".
Trainant désespérément en longueur, nous administrant des leçons de morale à l'exclusion de toute transposition poétique, pourtant bien présente dans le texte de Brecht, recourant à des procédés faciles dans une scénographie sans charme, l'ennui se fait écrasant, et la première partie du spectacle semble durer l'éternité.
C'est accablés par l'ennui, navrés et déçus, que nous avons désertés en proie aux doutes les plus inquiétants.
Un accident de parcours serait la seule excuse.