"Il n'y a pas de distinction tranchée entre ce qui est réel et ce qui est irréel, entre ce qui est vrai et ce qui est faux.
Une chose peut être tout à la fois vraie et fausse.."
Ainsi Pinter résume-t-il lui-même sa définition du théâtre, je ne fais que le citer.
Théâtre de la menace, théâtre de tension, du danger imprécis, de la violence rampante, des situations oppressantes, des univers clos.
"L'Anniversaire" monté par Fagadeau en 2009, avec Loran Deutsch, illustrait bien ce monde
inquiétant et étrange.
Et Loran Deutsch était dans un de ses meilleurs rôle en Stanley, tel Peter Pan, son tambour autour du cou.
Belle soirée qui n'a pas reçu l'accueil qu'elle méritait.
Trop "pinterienne" sans doute, trop "dérangeante".
Transposée, par le metteur en scène, dans un appartement new-yorkais pour une atmosphère prétendument "hitchcockienne" la pièce est entièrement joué sur un registre réaliste au premier degré .
Le jeu des"visiteurs" en particulier atteint un tel niveau d'outrance qu'il résonne en complète contradiction avec l'univers pintérien, fait d'étrangeté angoissante, de perversité maléfique.
Transformés en soudards, durant la fête, en tortionnaires de la pire espèce durant "l'interrogatoire" et l'enlèvement de Stanley,ils deviennent la parfaite illustration du contre-sens le plus navrant.
Passons sur les autres interprètes, Jéremy Lopez n'est qu'un minable Stanley, Meg et Peter Boles Cécile Brune et Nicolas Lormeau, n'apportent rien et l'exquise Marion Malenfant, dont le talent précoce nous avait éblouis à Ivry dans "Norma Jones" (Marilyn) il y a deux ans, ne parvient pas davantage à s'imposer en Lulu dans un rôle pourtant fait pour elle.
Trahison! Trahison! Trahison!
Voilà bien longtemps que l'exaspération ne m'avait pas conduite à consulter ma montre toutes les cinq minutes.
Placée au troisième rang, il ne me restait qu'à ronger mon frein, et à pester contre tant "d'incompréhension".