Après sa merveilleuse interprétation de Roméo, saluée ici en janvier dernier, c'est l'éblouissant talent de Niels Schneider qui s'impose.
Carey Perlof, l'auteur de " Kingship " connait son métier.
Metteur en scène, elle a créé pour la première fois aux Etats-Unis des oeuvre d'Ezra Pound, Pinter et un opéra de Steve Reich et Béryl Korot's " The cave ".
" Kingship " n'est pas une bleuette, moins encore un produit " surfait".
Au sommet de sa carrière, comblée par son mari et ses enfants, rédactrice en chef d'un quotidien important, " Elle " voit sa vie basculer à l'arrivée d'un jeune pigiste.
Dévorée par une passion soudaine, " Elle" se confie à sa meilleure amie, mère du jeune homme.
Funeste filiation.
Texte resserré, scènes brèves, découpées au scalpel, la pièce est intéressante.
Privée de ses structures, sur l'immense plateau du Théâtre de Paris, dans un décor réduit à presque rien, avec seulement des projections de cieux et clairs de lune pompiers, l' intensité gommée.
Silhouette alourdie, mal dissimulée dans d'informes vêtement peu flatteurs pour ses formes empâtées, jouant de ses lunettes noires et de son abondante chevelure ébène Isabelle Adjani ne convainc pas.
Elle n'a pas le physique du rôle, et semble moins encore éprouver les affres et les tourments de la passion à laquelle l'héroïne de Racine est confrontée. Si la représentation " de Phèdre " à laquelle assistent les personnages, nous donne à entendre les célèbres alexandrins, ils viennent, tel l'écho, souligner l'absence de ce feu dévorant chez la comédienne.
Après dix jours de représentations, Isabelle Adjani, semble encore chercher ses marques.
De ses débuts, toute jeune au Français en " Ondine " de Giraudoux, il ne lui reste rien.
Cruel à dire, ce manque de présence sur scène.
Sans grand éclat, mais juste et crédible, Vittoria Scognamiglio lui donne efficacement la réplique. De même dans ses rapports avec son fils, elle sait se montrer mère dévorante après avoir été mère absente.
Jouant d'infinis registres, déclinant avec une maîtrise absolue toutes les nuances de son rôle difficile, Niels Schneider, est tour à tour conquérant, séduisant, mystérieux, incompréhensible, jouant de l'esquive, brouillant les pistes, pour finir par reconnaître ce qu'il a tenté de nier et renier. Admirable tout particulièrement dans la scène du refus, dans la scène de l'aveu final il parvient encore à un somment d' intensité tout en retenue.
Racée, romantique, contemporaine, sa beauté rayonne.
Sur scène, sa présence impressionne.
Jeune premier d'envergure exceptionnelle, son talent irradie le spectacle.
Niels Schneider aurait mérité meilleures partenaires.