Une grève sauvage suite aux élections.
Il ne s'agissait que d'une bouderie, une lassitude, un moment de découragement, d'un laisser-aller cérébral.
Voir coup sur coup: un "Peer Gynt" poème théâtral sur la quête de soi, ressembler à un défilé de carnaval de Nice, avec Roi Momo en prime,uniquement sauvé par la présence de Catherine Samie, élu meilleur spectacle de l'année, c'est très dur.
Enchainer par "L'Alouette" d'Anouilh, aussi démodée dans sa narration que les "plus belles histoires de l'Oncle Paul" (journal de Spirou), jouée par une troupe du niveau des" tournées Karsenty", que la présence lumineuse de Sara Giraudeau et le décor avec sa rosace évolutive signé Catherine Bluwal, sauvent tout juste du ridicule, est d'autant plus éprouvant que le public s'enthousiasme.
Terminer cette funeste série par "Le Plaisir" de Crébillon fils, dont Nicolas Briançon avait pourtant si bien monté le très joli texte "En Attendant la Nuit" équivaut à une consultation donnée par "Doc Gyneco" transposée au XVIIIeme. Du cul pur d'un ennui total, en dépit des deux charmantes interprètes (Julie Judd et Fany Gilles) de nos héroïnes en mal de confidences érotico-sexuelles.
Le salut est arrivé pourtant.
L'endurance et la persévérance récompensées.
Quelle folie et que de désespoir chez ces "Quatre Jumelles" du regretté Copi.
Complètement déjantée la pièce est un spectacle impeccable: décor (Pierre André Weitz), mise en scène (Jean Michel Rabeux), interprétation (Claude Degliame, Georges Edmont, Marc Mérigot, Christophe Sauger) sont formidables. Cela dézingue ferme, ça surine sans fin, ça se pique à tout, même au talc, par erreur, et une heure de bonheur total vous réconcilie avec le théâtre et comble les amateurs de Copi.
Grumberg aussi dans la petite salle du Lucernaire, nous a réservé une bien jolie surprise de fin de saison.
Ses sketches, qui peuvent rappeler Dubillard, demeurent authentiquement grumberiens par leur dimension métaphysique qui perce sous les jeux de mots allègres ou ses obsessions existencielles traitées par l'absurde. Là encore le très bon travail du metteur en scène (Johanna Nizard) imprime un rythme de jeu à ses deux comédiens (Renaud Danner et Etienne Coquereau) en parfaite harmonie avec le texte.
Les Ballets de Paul Taylor et Arabella à l'Opéra Bastille sont venus conclure d'une façon fort plaisante cette saison parisienne.