les dénonciations d’abus sexuels se suivent, s’accumulent et s’affichent désormais au grand jour.
Délaissant les milieux cinématographiques, «Je suis la maman d’un bourreau» se situe dans la sphère religieuse, touchant aux abus sexuels commis par certains prélats, longtemps, trop longtemps dissimulés couverts par une hiérarchie complaisante, voire aussi coupable de semblables forfaits.
Plus tragique encore, ici nous sommes confrontés à l’aveuglement, puis l’horreur d’une mère face à son fils «adoré» qu‘elle découvre en impénitent violeur d’enfants.
Au lever de rideau, dans un décor sombre, indéfinissable que domine une croix géante, une femme sagement assise, face au public. Mains posées sur les genoux, trois rangs de perles au cou, petite jupe droite lie de vin et cardigan rose, elle déclare:
«Je ne sais ni ne crois plus rien».
Ainsi débute le récit de Madame de Mirmont, élégante notable de province, fervente pratiquante, pétrie de conventions, soucieuse de «respectabilité».
Débuté par l’annonce de la mort de son fils, le révéré Père de Mirmont découvert assassiné dans son presbytère, le récit va remonter le temps, la «narratrice» dérouler son existence : une vie entièrement vouée au seigneur auquel elle destine cet enfant dont la naissance a transfiguré la vie.
D’abord scandalisée par les révélations dans la presse des turpitudes d’un prêtre de la paroisse,
le témoignage d’une des victimes de l’homme d’église venu lui faire le récit de son calvaire
la fera basculer et commettre l’irréparable.
Par un habile stratagème, c’est de sa prison qu’elle nous fera revivre et partager tous les évènements qui ont conduit au drame, toutes ses interrogations, son amour sans limite voué à ce fils vénéré.
La mort bienvenue, lui évitera l’opprobre d’un procès infamant.
Dans ce rôle tragique, engagée, ne retenant pas ses larmes, baissant le ton, emportée par l’extase ou laissant éclater sa colère, dame du monde scandalisée, mère dominatrice ou compatissante sous l’accablement, elle convainc son public.
Lulu la préfère dans des registres moins grandiloquents.
L’écriture de David Lelait Helo, (auteur de nombreux romans à succès), manie la parole forte, porte l’action.
Elle reste convenue et cède à des facilités.
Un spectacle louable qui s’inscrit dans l’ère du temps.
Il apporte sans doute une forme de libération attendue par beaucoup.