Dans l’air du temps.
Sa pièce s’empare d’un sujet d’actualité, la théorie du «genre» et déborde plus largement sur le problème de l’identité profonde de chacun, et de la frontière entre raison et déraison.
Elle ne manque pas d’ambition.
Dans une imposante et belle scénographie d’Eric Soyer: très hauts panneaux mobiles semi- opaques, complétée de vidéos de parc signées Renaud Rubiano, l’intrigue expose les inquiétudes de parents unis, mais que tourmente le problème de leur fils unique qui se prend pour Céline Dion.
Dans l’espoir de retrouver «leur enfant» ils se résignent à le mettre dans une «maison de repos».
Confrontés à une psychiatre que traverse aussi des moments d’égarement, et à l’ami de leur fils qui lui se voit en homme de couleur, ils se décideront à mettre un terme à son séjour dans cet établissement dont la cure n’a apporté aucun «changement».
Le dénouement laissera planer un mystère.
«On ne peut pas chanter sa joie dans le vide» déclare avant de se fondre dans les brumes notre Jacob- Céline Dion.

Formidables, André Marcon, Lionel Hutner le père, et Josiane Stoléru, Pascaline Hutner la mère, incarnent ces parents, simples, confondants de bonne volonté, désemparés, impuissants, seulement désireux de retrouver leur «Titounet».
Excellents interprètes, le duo restitue avec une exceptionnelle justesse tout l’humour, l’ironie, la cocasserie des dialogues de Yasmina Reza.
Si le comique règne dans les tableaux avec les parents, les rêves et les initiatives loufoques de nos doux «dingues», les «écarts» de la psy sont loin d’atteindre la même efficacité.
Christèle Tual, séduisante jeune personne, force parfois la note, Alexandre Steiger, le copain trouve le ton juste.
On s’interroge encore sur l’intérêt de chacune des interventions musicales. Leurs répétions finit de diluer l’impact du texte, en amoindrir la portée.
Yasmina Reza possède l’art de divertir, porte un regard aigu sur ses personnages, c’est incontestable.
Cette laconique constatation émise par le père:
«Pourquoi s’énerver à vouloir jouer son rôle, qui s’en soucie, demain il y aura un autre monde et encore un autre.»
Témoigne de l’étendue des questionnements abordés.
Leur traitement reste superficiel.
Les très bons moments de la soirée consolent de ses faiblesses.