Inéluctable fatalité
On la retrouve à 67 ans le 12 décembre 1942.
Seule absolument face à son destin.
Elle dispose d'une heure pour en décider.
L'alternative aussi simple que terrible: la fuite ou l'arrestation suivie d'un voyage vers l'inconnu.
Cette chance miraculeuse, "suggérée" par le policier venu l'arrêter, elle y renoncera.
Vaincue par l'âge et les épreuves qui ont jalonné sa vie, elle n'a plus l'énergie de "vaincre la rue" cernée par la police.
Hélène Vincent est Ita L.
Belle dans sa grande simplicité, toute en retenue, elle incarne cette survivante de pogrom, épouse heureuse trop tôt devenue veuve d'un mari engagé volontaire par sens de l'honneur.
Mère débordant d'amour, fière d'être parvenue à élever ses enfants en dépit de sa situation presque misérable.
Toute en pudeur elle nous dévoile ses bonheurs, sa nostalgie de la terre natale et de sa famille dispersée, les changements d'attitude du voisinage qu'elle a toujours su affronter.
Après avoir cru avec son mari "on ne sera plus juifs on sera juste français" Ita ne survivra pas au voyage vers Auschwitz.
Son petit fils Eric Zanettacci a choisi de lui rendre hommage en écrivant cette pièce.
Le décor dépouillé de Tim Northam, fait de quatre petits meubles simplement posés sur un tapis de très modeste dimension, nimbé des délicates lumières d'Arnaud Young, composent un cadre parfait pour cette histoire émouvante et terrifiante, habitée par Hélène Vincent.