Face au cercueil, œuvrant seul devant son collègue aspergeant l’assistance à l’aide d’un tuyau d’arrosage, le fossoyeur maladroit s’empêtre dans ses cordes, trébuche, glisse, tombe sur la terre meuble qui recouvre le plateau.
Le ton est aussitôt donné.
Un burlesque minable, démodé, mal réglé caractérise toute cette représentation.
En Hamlet , Lars Edidinger, comédien starisé outre-Rhin, visiblement inspiré par Yolande Moreau dans ses meilleurs rôles d’idiote chez les Deschiens, grassouillet et bedonnant, cheveux sales filasses et longs, calvitie naissante, tel un adolescent attardé, se tortille, ricane, grimace, claque de la langue se pend au rideau. Pour aérer le texte, il éructe diverses onomatopées, pour mieux faire entendre ses propos, il s’empare d’un micro tel un chanteur de rock, pour mieux scruter ses interlocuteurs, il se promène caméra vidéo à la main. Jets répétés de canettes et briques continuent de mouiller les protagonistes, la scène du théâtre dans le théâtre, est comme il se doit, jouée en travellos, slip et bas résille, quant au public, pris à témoin, on lui demande une bouteille d’eau, de battre des mains ou reprendre les refrains comme au concert.
Mon encre se fige.
Mon esprit se paralyse.
Mon cœur chavire.
Qu’on ne se méprenne pas :
Ni gardienne du temple, ni vestale chargée du feu sacré,
Nombre de spectacles d’avant-garde authentique ont été salué dans ces chroniques,
Après l’Hamlet de Dan Jemmett au Français (Lulu de décembre 2013), le Tartuffe de Bondy ( Lulu de mars 2014) Phèdres de Warlikowski (Lulu d’avril 2016) sans même, parler d’Arturo Ui en ce même lieu,(Lulu de novembre 2016), un massacre de plus.
Charlatans de tout poil,
Oubliez le répertoire.
Pantalonnades, supercheries, mépris d’un public crédule, peuvent ailleurs s’exercer.
Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Théâtre.