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Grandiose, Emouvant. LOVE BRINGS LOVE, Le défilé hommage à Alber Elbaz. Palais Galliera jusqu’au 10 septembre 2022.

1/1/2022

 

Grandiose. Émouvant.

Cinglant démenti à la réputation d’univers frivole, de royaume de l’éphémère,
Le monde des créateurs et des stylistes, des plus célèbres aux plus jeunes,
Nous dispense ici une renversante leçon de fidélité, d’amitié et de gratitude.
Répondant tous présents à la proposition de la maison AZ Factory, récemment fondée par le créateur disparu, tous ont  participé à un défilé hommage présenté le 5 octobre 2021 au Carreau du Temple.
Evènement que le Palais Galliera prolonge à juste titre avec cette exposition qui reprend le défilé dans le stricte respect des passages.
 
La manifestation d’une exceptionnelle  richesse,
Conduit LULU à une rédaction volontairement détaillée. 
 
Sur les cartels accompagnant chacun des modèles spécialement créés en mémoire d’Alber Elbaz,
Des messages confondants d’admiration, de gratitude, de sincérité.
 
Sur les mannequins, successivement baignés des mêmes lumières que lors du défilé,
Sont «réinterprétées», «illustrées», «déclinées» les caractéristiques marquantes du regretté Alber Elbaz.
 
Pas de tenues de jour, exceptée celle d’Hermès qui fait pâle figure par son côté conventionnel.
Cette robe courte de Nadège Vanhee, jupe plissée plat en agneau, corsage jersey de laine à empiècements de différentes couleurs, éternel carré de soie noué autour du cou, détonne tristement dans cet ensemble.
 
Fabuleuse, fastueuse, virtuose, l’impressionnante série de robes longues aux larges jupes, hauts bustier.
 
De tulle aigue marine pour Armani, un long volant éventail bordé de cristaux translucides s’enroule en diagonale depuis le bas d’une jupe  ample jusqu’au bustier. Splendide.
Décevante, celle de Maria Grazia Chiuri chez Dior: en satin blanc avec application de patch de couleurs au bas de la jupe, un coeur plaqué élargissant lourdement le bustier; les longs pans d’une ceinture nouée dans le dos portent la déclaration «I love you».
D’un raffinement extrême Guo Pei a créé une large jupe de tulle blanc et café au lait en rayures verticales, parsemée de pétales de roses brodées et bustier de «brindilles» en tiges métalliques rebrodées de soie sur fond de tulle. Pure merveille de délicatesse.
Toujours dans l’esprit vaporeux, Off White par Virgil Abloh, prématurément disparu en 2021,
présente une spectaculaire robe émeraude une épaule nue, composée de deux longs volants superposés plissés soleil, celui du haut retenu à l’épaule par un trombone géant rubis s’ouvre en éventail sur l’épaule.
Chez Lanvin, maison ressuscitée par Alber Elbaz qui la dirigea de 2001 à 2015, on retrouve le style Watteau de la robe à la Française. Une charmeuse en polyester blanc, corsage sans manches noué sur la nuque, et dos flottant en longue traîne ornée d’un portrait géant du créateur.
Impériale, en taffetas fraise écrasée, la robe de Pier Paolo Piccioli pour Valentino.  Décolleté asymétrique, une épaule s’orne d’une cocarde, ses longs pans sur la traîne;le devant s’anime une cascade de légers volants froncés. 
En pointes superposées, manches au coude, Stella Mccartney a coupé son modèle dans un lamé or plissé soleil.
Chez Balenciaga, Demna Gvasalia rend hommage aux deux «maîtres» avec une robe-cape mi-longue en taffetas rose shocking ponctuée sur la nuque des coques d’un nœud géant.
Pieter Mulier, pour Alaïa et Cristopher John Rogers privilégient de longs fourreaux glamour épousant la ligne des corps. Le premier en maille moulante rose transparent laisse voir  culotte et  soutien -gorge sans bretelle en forme de coeur d’un rose plus vif. Coquine sans vulgarité.
Chez le second des bandes de soie, bleue, fuchsia, orange, citron et absinthe coupées en biais et se terminant par un long pan d’épaule dessinent une silhouette lumineuse.
Sans doute le plus créatif de tous, le modèle de Jean-Paul Gaultier allie magistralement amour et humour. Coiffée d’un nœud noir au sommet du crâne, visage dissimulé sous une  voilette, sa robe-corset rouge sang se compose d’un bustier coeur percé de sa flèche, d’une armature en panier où se posent, en pouf, de chaque côté, deux coeurs géants de velours et plumes d’autruche; de longues franges de soie  espacées découvrent haut les jambes voilées de noir. Spectaculaire, spirituel, du grand et pur Gaultier.
A l’opposé, strict, long et droit, l’ensemble cape et robe de Rick Owens en gazar de soie rose dragée manque de charme.
Pour clore cette série, il faut encore citer Giambattista Valli dont la très élégante robe à bustier sobre domine une splendide jupe ballon courte devant pour s’allonger en traîne imposante.
 
 Devenu un classique, le smoking se décline chez Ralph Lauren avec un pull brodé d’un nounours et d’un nœud papillon de velours rouge. Pour Saint Laurent, Antony Vacarello l’interprète avec bermuda,  blouse à jabot et nœud papillon écarlate. 
Celui de Wales Bonner n’a, pour l’égayer, qu’une chemise rouge et une broche au revers.
Le nœud papillon surgit encore, à hauteur de nombril, d’une veste noire portée en jupe complétée d’un soutien-gorge op à larges bretelles de perles blanches chez Rosie Assoulin. Créatif certes…
 
Avant d’aborder les nombreux modèles de robes courtes, impossible de ne pas évoquer les créations  imaginées sous le signe de la technique.
Emblématique entre tous, le fourreau d’Iris van Herpen en collaboration avec Adobe se compose de lamelles en camaïeux de beige allant jusqu’au noisette découpées et thermocollées sur un fond de tulle. Sans relief  sur le mannequin, la fluidité de la jupe s’ouvrant en corolle se révèle sur le film du défilé.
 
Côté Créateurs purs, Dries Van Noten a imaginé un long manteau en sergé jacquard écarlate. Une des deux manches exagérément bouffante à l’épaule marque l’asymétrie; sur le devant sévère, col fermé et boutonné de bas en haut, s’affiche en pied le portrait d’Alber Elbaz.
Le new-yorkais Thom Browne,  dans un ensemble «revisitant» le tailleur masculin, se singularise par un déroutant ensemble de toile de laine: rembourré, volumineux, encombrant, aussi peu flatteur qu’inventif, avec superposition de spencer, jupe ouverte et drapée, pantalon extra large et poignets de chemise tombant sur les mains. A la limite de l’expérimental.
Raf Simons s’est contenté de souligner l’encolure et la fente d’une longue robe droite, bords francs, de badges-pression style punk montrant des photos d’Alber Elbaz. Paresseux.
Rei Kawakubo pour Comme des Garçons pose sur une robe longue imprimée de têtes de Mickey un bolero de pvc transparent  aux manches ballon travaillé en bouillonné. Curieux mélange qualifié «d’objet pour le corps».
Chez Gucci Alessandro Michele a coiffé d’une casquette à mentonnière en cuir blanc son ensemble améthyste en cristaux carrés sertis:fourreau avec mini coeur sur les tétons,cardigan ourlé de franges en fausse fourrure. Pas véritablement créatif, moins encore séduisant.
Choisi pour l’affiche de l’exposition un ensemble blanc de Thebe Magugu évoque l’ère Elbaz chez Guy Laroche 1997-98: jupe ourlet en pointes plissé soleil- un leitmotiv- chemise à fausse poche tachée de bleu Klein, large toque en plumes d’autruche blanc. Fluide.
 
 D’inspiration ethno, facétieux l’ensemble robe, sac haricot, mules tout en résille perlée vert perruche créé avec  par Daniel Lee pour Bottega Veneta.  Moins réussi, le modèle XXL de Gabriela Hearst pour Chloé: jupe longue en franges de raphia couleur terre, marcel jersey ivoire, large ceinture basculée à empiècements de mêmes coloris. 
 
Pour conclure en beauté évoquons les créations sexy et glamour des robes de cocktail qu’Alber Elbaz maîtrisait avec tant d’esprit.
La plus délicate est signée Vivien Westwood et Andreas Kronthaler. Le modèle d’organza crème fleuri à l’anglaise, échancré haut sur la cuisse se pare de petit volants légers comme des pétales au vent. Un souffle de fraîcheur. Agréable surprise.
 
Donnatella Versace égale à elle-même, ne nous étonne pas avec une mini robe luisante rose malabar, manches drapées à outrance. 
A rapprocher, car aussi  taillé en lamé, mais or mat, Kim Jones chez Fendi a découpé et posé en diagonale sur le devant de sa robe au décolleté asymétrique, une large feuille à bords francs.
 
Moulants, drapés, sophistiqués voici ce fourreau en jersey noir gainant et son boa blanc en bouillonné volanté de tulle polyester s’enroulant autour des bras signé Tomo Koizumi. Couturissime, spectaculaire  celui de Daniel Roserry pour Schiaparelli: sa faille de soie noire drapée froncée près du corps se déploie tel un éventail géant depuis l’épaule jusque derrière la tête.
Reprenant des constantes du style d’Alber Elbaz, AZ Factory , par l’équipe de studio d’Alber signe «my body», une robe en maille gainante brodée de tubes de verre, manches bouffantes et étole boudin en satin duchesse; deux rangs de grosses perles blanches et pendentif lui apportent une  dernière touche «Elbaz».
Inspirée du défilé automne-hiver d’Alber Elbaz chez Lanvin, blousante cette fois, la mini robe de satin blanc brodée du portrait du créateur d’Olivier Rousteing pour Balmain se resserre d’un noué à longs pan contrastant violemment avec ses manches tout en ruché rose vif. Déséquilibre peu flatteur.
 
Enfin de nombreux autre participants ont opté pour des modèles dissimulant sous leur ampleur blousante le corps des femmes.  Bruno Sialelli chez Lanvin avec une sorte de burnous soufflé blanc soutaché d’or aux côtés ;  Galliano pour la Maison Margiella avec une tunique gonflante dorée, de Jonathan Anderson pour Loewe  une robe abat-jour à volant d’un bleu bête.
Seul Charaf Tajer pour Casablanca rend hommage à la féminité avec sa robe de mousseline en dégradé de turquoise lagon: effleurant le corps, manches évasées, ses finitions de fragiles roulottés en feston lui confèrent une grâce évidente.
 
Grandioses, provocants, ludiques ou techniques, les modèles exposés composent un fabuleux ensemble.
Générosité, gentillesse, humour forment le leitmotiv de chacun des messages à la mémoire d’Aber Elbaz.
«Love brings love», affirmait le créateur.
Loin d’une formule creuse,
Ici la preuve d’une éclatante beauté.

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