Il débute la soirée par le récit à la fois impayable et terrifiant de son arrivée à Marseille, à l'époque des attentats du R.E.R. B, en pleine psychose terroriste.
"C' est la bataille d'Alger ou quoi ?" s'interroge-t-il au vu des patrouilles armées sillonnant la ville en tous sens.
Et, sur la Cannebière :
"Il y avait tellement d'Arabes, que j'ai cru que le bateau n'était pas parti."
De nombreuses autres savoureuses observations ponctuent ses différents sketches, qui épinglent, avec la même gaité imagée qui caractérisent les orientaux, la religion musulmane "Qui fait ressembler les villes à un hopital où on ne donne pas de médicaments" durant le Ramadan, ou" l'alcool interdit, mais plus ou moins toléré".
Le gouvernement algérien, son manque de démocratie et sa gabegie généralisée ne sont pas davantage oubliés.
Mais qu'on se rassure" Nous aussi nous sommes racistes , nous c'est simple on déteste tout le monde." déclare-t-il le plus naturellement du monde.
Le problème de l'émmigration: il le résume par cette formule qui fait mouche: "Quand vous êtes partis, on vous a suivi, on ne lâche pas une équipe qui gagne" bien qu'il constate qu'aujourd'hui "Vous êtes au sommet du stress et nous dans les abysses de la détresse".
Et si " La France est une Algérie qui a réussi", avec la crise actuelle "Il ne vous reste plus qu'une solution pour vous en sortir, on va vous coloniser".
Alors pourquoi, insidieusement, se fait sentir, comme pour une digestion difficile, une lourdeur, une légère somnolence, et des bâillements étouffés ?
La recette du cous-cous est longue, très longue à réaliser, et, pour rester dans le registre culinaire, certains de ses ingrédients manquent de piquant et de légèreté.
Je pense aux bonnes intentions pétries d'humanisme exposées à partir de l'énumération des différents légumes dont le" mélange" inévitable dans la confection de ce plat sert d'illustration pour démontrer les conséquences miraculeuses dans la préservation de l'humanité à partir du" mélange" des hommes de toute couleur .
La réflexion sur l'invention de la merguez par les Juifs à cause de leur peur ancestrale des circoncisions ratées, elle,en revanche, ne semble pas totalement dénuée d'équivoque.
Un peu plus de harissa aurait sans doute ajouté du piment à la sauce.
Une réalisation plus rapide lui aurait évité un certain empâtement.
L'exercice requiert également une lame plus incisive.
Fellag a omis d'affuter ses ustensiles.