La pénombre règne, chacun parie sur l’âme du docteur Faust.
Aussitôt les trucages d’équilibres acrobatiques de Christian Hecq enchantent et subjuguent.
Incomparable interprète aux yeux de Lulu, après son inoubliable Commandant Némo dans « Vingt mille lieues sous les mers », cette fois en Méphistophélès , initié à l’exercice d’une technique secrète, ce génie scénique trouve dans ce rôle une surprenante nouvelle dimension.
Sur cette œuvre définie par l’auteur de « Monde singulier et nébuleux »,
Jusqu’à son dénouement tragique avec le retour d’une réalité dramatique,
La magie règne, domine, enveloppe ce « Faust » de Valentine Losseau et Raphaël Navarro.
Elle opère de tous ses charmes, y déploie ses subterfuges, use de ses stratagèmes tout au long du voyage initiatique du docteur Faust, savant au bord du désespoir, « sauvé » du suicide par Méphistophélès, incarnation du malin avec ses fallacieuses promesses, ses ruses fatales, ses pouvoirs sur le monde de la sorcellerie et du feu.
Ajoutez-y une forte dose de comique dans la scène de la confection de la potion rajeunissante, avec Eliot Jenicot travesti en sorcière assistée de deux étranges diablotins,
L’intervention d’Eric Ruf en « présentateur » grandiloquent haranguant « son » public de la Comédie Française,
L’errance de Méphisto et Faust guidés par l’éclairage facétieux de feux follets vers la Nuit de Valpurgis .
Savamment dosée, la formule fait recette, le charme opère, l’enchantement fascine en dépit d’une interprétation souvent décevante pour les autres rôles de la distribution.
Peu convaincue par Laurent Natrella en Faust dénué d’épaisseur,
Seule Anna Cervinka est une Marguerite aussi attachante de fraiche innocence que déchirante dans sa pathétique destinée.
Filant telles les comètes,
Trois heures de plongée dans Goethe,
Essentiellement « visuelle »,
Parfaitement réalisée
Un charme puissant,
Une indéniable séduction.
Une reprise qui devrait s’inscrire dans les prochaines saisons.