Prix Nobel de littérature en 1920, mais terriblement compromis avec les nazis, les norvégiens ont longtemps et délibérément "oublié" Knut Hamsun.
Le titre du texte se suffit à lui-même.
Terrible récit de tourments vécus, de souffrances infligées.
Sentimentalisme et larmoiement n'y trouvent pas place.
S'y succèdent les situations les plus folles.
Recherche d'un sauveur providentiel qui serait lui-même,
soif de dignité et amour propre qu'aucune extrémité n'entame, dans une dérisoire tentative d'obtention d'un prêt ou la quête d'un os pour un chien imaginaire dont l'ingestion manquera le faire mourir,
geste d'une générosité prodigue envers une serveuse qui ne demande rien,
abandon aux rêves les plus exquis dans un paradis enchanteur,
mais aussi imprécations d'une rare violence contre tout le Sacré,
contemplation ébloui de la nature,
et vertigineuse expérience d'agonie vécue dans l'étouffement de l'asile de nuit où il finit par échouer.
Pourtant le naufrage n'aura pas lieu.
Notre pauvre hère, au petit matin, trouvera encore l'énergie de persuader un capitaine de l'engager sur son navire en partance.
Pas drôle votre histoire.
Elle vous fait peur!
Certes, il ne s'agit pas d'une joyeuse pochade, mais quelle heure de théâtre.
Xavier Gallais incarne absolument cet homme anéanti mais jamais vaincu, cet homme qui se cabre véritablement contre son sort, dont l'imagination sans borne lui offre de fabuleuses échappatoires, tout comme son caractère révolté lui insuffle une force exceptionnelle.
C'est renversant d'un bout à l'autre,
Je vous l'ai dit: ce spectacle est pétrifiant.
Il suffit d'entendre la qualité du silence qui règne dans la salle: rarissime.