Il en est qui vous laisse le souvenir indélébile de leur ennui et de leur sottise.
Enfin, il est des moment qui sont comme une révélation, qui s'imposent avec l'éclatante évidence de leur découverte, vivifiante, audacieuse, novatrice.
Tous ces bonheurs Claudio Tolcachir nous en avait donné l'illustration parfaite en 2011, dans le cadre du Festival D'automne , au Théâtre de Rond-Point avec "Le cas de la Famille Coleman". Emballée, Lulu se précipitait quelques semaines plus tard à Créteil où il présentait" El viento en el violin", son spectacle sans doute le plus abouti . Repris l'année suivante sur la scène Watteau de Nogent , j'y ai entrainé quelques fidèles.
Puis je poussais jusqu'à Toulouse pour ne pas manquer "Tercer Cuerpo" . Intérêt maintenu.
A nouveau invités dans le cadre du très "tendance" Festival Exit de la Mac, pour trois représentations seulement, c'est peu dire de l'impatience avec laquelle j'attendais ce rendez-vous.
Et le cœur gros, comme une amoureuse trahie, je dus me rendre à l'évidence: Timbre Quatre, Claudio Tolcachir avaient bien perdu cette fois de leur charme. Plus d'éblouissement, rien d'étonnant, adieu à l'audace qui faisait passer jusqu'à la transgression avec tant d'humanité.
Le thème cette fois est une histoire d'absolue abnégation, d'amour inconditionnel . De sacrifice consenti.
Amelia, en prison, nous conte le récit d'une vie consacré au dévouement . L'amour qu'elle voue à l'enfant qu'elle a élevé et qu'elle retrouve adulte, marié et père d'un enfant, la poussera jusqu' à endosser la culpabilité du meurtre perpétré par celui-ci sur la personne de sa femme sur le point de le quitter.
Ce cœur simple, qui raconte cette histoire à la fois terrible et déchirante, avec tant de douceur et de modestie devrait nous émouvoir au plus profond. Confrontée soudain à un univers en crise, l'éclatement de la famille que son "enfant" avait tenté de constituer, elle va jusqu'à l'acceptation de cet assassinat pour sauver cet homme qu'elle a vu grandir et comblé de son infinie tendresse.
Trop monotone sans doute le long récit de la nounou, émaillé d'épisodes relatant aussi bien sa bonté inébranlable que l'ingratitude de ceux auxquels elle a consacré sa vie.
Trop stéréotypés les quatre protagonistes de la pièces. Si on comprend vite que la situation recèle bien éléments terribles qui vont se révéler progressivement, jamais on n'entre au cœur du drame
On observe, on ne ressent pas.
Le constat me désole, l'honnêteté me contraint à l'écrire.
Après Romina Paula, cet hiver, nous voilà maintenant trahis par Claudio Tolcachir.
Avec un théâtre ultra-sensible, à fleur de peau, des atmosphères uniques, un regard neuf et aigu sur notre monde ils avaient captivé le public.
Deux formidables espoirs argentins qui nous font bien du chagrin en décevant ainsi nos attentes .
Je n'ose présager de leur avenir.