Pour s’en convaincre il suffit de les entendre s’époumoner «Hourra» à l’invitation d’un danseur qui présente la soirée par cette formule post-Covid:
«Faire quelque de spécial ce soir».
Retentit le cancan de la Vie parisienne d’Offenbach.
Aussitôt, impressionnante d’énergie, la troupe s’élance dans un pseudo désordre savamment orchestré.
Qu’ils sautillent d’un pied sur l’autre, se trémoussent furieusement, chaloupent,s’écroulent, forment de naïves farandoles, s’avancent genoux flex, s’alignent face au public, s’abattent au sol, paradent triomphants, lèvent les bras victorieux, gesticulent tels des pantins désarticulés, ou laissent seules leurs mains frémir à peine,
Leur virtuosité s’impose.
Tels des flash, intrusifs, mimes d’ égorgement, d’ exécution, d’acharnement sur une victime clouée au sol, émaillent la chorégraphie.
Lancinante, syncopée, les percussions, très inspirées des «Batucadas» afro-brésiliennes, scandent longuement «Clowns», première pièce de cette soirée.
Beaux éclairages de Tom Visser. Fusant des cintres, oniriques, ses faisceaux gris fumée dissimulent des corps qui, progressivement, surgissent, comme sortis de grandes jarres. Proches de la fête foraine, de jolies guirlandes d’ampoules s’entrecroisent. Striant l’espace des rais lumineux surgissent du sol.
Dans la deuxième pièce, «The Fix», on comprends pourquoi des boules quies sont proposées au public à l’entrée de la salle.
Agressées, les oreilles de Lulu souffrent.
Aux danses de Saint Guy aux balancements, sautillements cadencés, tressautements et autres figures brièvement reprises,
Succède dans ce vacarme assourdissant, interminable, l’éloge de la lenteur.
Toujours virtuoses, les danseurs décomposent sans fin le moindre lever de bras, mouvement de jambe, jusqu’aux chutes défiant les lois de la pesanteur.
Et lenteur devient synonyme d’ennui.
Une brève bacchanale clôt la démonstration.
Alors, se dispersent dans la salles les danseurs.
Chacun, de l’orchestre aux balcons, étreint un spectateur.
Louable message d’amour.
«Peace and Love», ou baiser de paix du rite catholique.
Sceptique, désabusée, Lulu s’abstiendra de statuer.
Place aux jeunes hurlant leur joie.
Inconditionnelle d’Ohad Naharin, de sa compagnie Batsheva, ou de sa disciple Sharon Eyal,
La découverte tardive, du dernier opus d’ Hofesh Sechter ne l’aura nullement convaincue.