Personne ne se permettrait de contester l’autorité de Declan Donnellan et Lulu moins encore.
Declan Donnellan a choisi le parti pris de la contemporanéité. L’inceste dévorant auquel succombe nos maudits Roméo et Juliette voués à la damnation se déroule dans un climat ou seules la brutalité, la violence et la bestialité dominent l’action.Des détails d’une trivialité souvent insoutenable émaillent le spectacle. Le décor entièrement rouge écarlate est délibérément vulgaire tout comme Annabella (Lydia Wilson) s’apparente davantage à une Lolita qu’à une jeune aristocrate. La Nourrice pourrait être entremetteuse, les hommes tous machos et la maîtresse trahie une furie déchaînée.C’est sans appel, sans équivoque oppressant, anéantissant.
Voilà pourquoi je ne peux m’empêcher d’évoquer Savary qui avait su distiller tendresse, ambigüité et insondable mystère dans sa mise en scène troublante. De l’eau se déversait doucement sur le plateau tout au long de la représentation, les acteurs dans un décor très simple étaient en costume simples aussi mais d’époque, et la pièce baignait de bout en bout dans une atmosphère délétère qui faisait ressortir avec tellement plus de subtilités toute la splendeur du texte et l’audace inouïe du sujet.
Comparé à son précédent Macbeth et à son Boris Goudounov, c’est une réelle déception en dépit d’un travail qui demeure intéressant.