Scénographie époustouflante (Katrin Brack).
Interprétation au sommet.
Coetzee dans toute son intensité.
Une mise en scène d'une simplicité apparente et d'une efficacité peu commune sert l' oeuvre de Coetzee dans son essence même, au milieu d'un décor qui saisit le spectateur dès son entrée dans la salle:
Une foule immense, entièrement composée d'africains de tous ages, représentée par une armée de mannequins de cire, occupe à elle seule la totalité du plateau.
Saisissant.
C'est au milieu de cette multitude en marche que se fraieront leur chemin les différents protagonistes du drame pour parvenir face au public.
Illustration aussi efficace que dénuée d'effet, transposition visuelle formidable des problèmes de l'Afrique du sud.
Luk Perceval, pour la première fois invité à Paris grâce au Festival Exit à Créteil (certains l'ont peut-être vu en Avignon) nous a réservé une surprise à la mesure de la réputation qui le précédait.
Le Toneelgroep d'Amsterdam confirmera, avec ce deuxième spectacle que nous voyons cette saison, la qualité exceptionnelle de cette "troupe", avec ici une mention spéciale pour Gijs Scholten Van Aschat, l'interprète principal dans le rôle du professeur Lurie.
L'histoire se résume à cette double constatation:
Comment le viol, considéré comme un élan naturel quand il s'exerce sur une jeune étudiante séduite devient un crime quand la victime est sa propre fille agressée par de jeunes noirs du voisinage.
Une fin dérangeante conclue le drame: la fille du professeur garde l'enfant et épouse son ancien régisseur parent des violeurs afin de bénéficier de sa protection.
Le père vieillissant se résigne à tout, et même à se consacrer lui le professeur, avec l'amie de sa fille, aux chiens abandonnés recueillis dans un refuge et à collaborer à leur euthanasie.
Ni la noirceur du sujet, ni sa version en néerlandais, n'entament en rien, deux heures durant ce spectacle extraordinaire et prenant.
Au risque de rabâcher, je vous le répète, les argentins et les flamands nous font vivre nos grands moments de théâtre.