De François Berléand j'ai gardé le souvenir d'un comique ébouriffant dans " Bataille" de Topor qu'il jouait avec Pierre Arditti. C'était en 2008, au Rond-Point.
Sébastien Thiery est l'auteur de pièces " inégales". Mais l'hiver dernier au Poche, " Tilt " avec Bruno Solo, nous a fait passer une des soirées les plus comiques de la saison .
La réunion de ces deux talents semblait prometteuse.
Le début de sa pièce aussi.
Le réveil de Kramer, François Berléand, avocat de renom, découvrant un collaborateur, Sébastien Thiery, nu comme lui, couché dans son lit, est un très grand moment.
Face à l'intrusion de l'épouse, Isabelle Gélinas, horrifiée par cette " découverte", le mari " pincé " tente désespérement de se justifier pour mieux s'enfoncer dans les mensonges les plus absurdes.
Un moment on retrouve, fort intelligemment transposée dans notre époque, la folie la plus débridée de Feydau.
Un garçon remplaçant la traditionnelle maitresse, voilà toute l'astuce de Sébastien Thiery. C'est tendance, voire incontournable.
A notre grande déception, l'ambition clairement perceptible au dépassement du simple vaudeville pour atteindre à la comédie sociale, loin d'être atteinte fait rapidement plonger la pièce dans un ennui baigné par de grossiers stratagèmes et des dialogues qui prétendent à nous donner une nouvelle image du couple, avec au final une épouse compatissante et un mari définitivement torturé par ses attirances secrètes...
D'habile et allègre, la pièce verse inexorablement dans la pire balourdise.
Si François Berléand atteint au grandiose au lever de rideau, drapé dans son drap tel un empereur romain, ou dans la courte scène des appels téléphoniques à la recherche d'une prétendue maitresse, on ne souffre que davantage quand il se contortione en djellaba turquoise comme dans " La cage aux folles" , ou dans celle du recours à une escort-girl, justificatif d'une normalité affichée pour vaincre le scepticisme de sa femme.
Le texte percutant des premières minutes patine, s'étire et s'enlise inexorablement dans la platitude la plus accablante.
Trop vite, les rires du début font place à un interminable bâillement.
Inégales les pièces de Sébastien Thiery ? Ce dernier opus est à oublier au plus vite.