Quand leur duel assassin s’essouffle ils convoquent le couple voisin, conventionnel, banal, englué dans la monotonie, suffocant sous la routine.
Dans la belle scénographie et les lumières d’Yves Bernard qui pose sur une tournette les vastes volumes d’un appartement moderne, Katarina, Marina Foïs, aussi sensuelle qu’allumeuse, bravache et rétive, défie avec une apparente jubilation Frank, Romain Duris, frêle silhouette surmontée d’une imposante chevelure, visage barré d’une curieuse moustache, sourire toujours ravageur.
Manipulateur au charme vénéneux et dévastateur Frank ne recule devant aucune turpitude ; Dominée et blessée, Marina devant aucune calomnie.
Si Frank séduit facilement Jenna, Anaïs Demoustier, la jeune femme de son voisin, douce mère au foyer, Marina contre- attaque en dévoilant les déviances sexuelles de son compagnon avant de se voir repoussée parTomas, Gaspard Ulliel, pourtant prêt de succomber à ses charmes.
Renvoyés à eux-mêmes, Marina, radoucie, ronronnante, se blottira dans les bras de Frank.
Lui, répondant à sa « flamme » l’enlacera amoureusement.
L’intermède a servi de catalyseur.
Il a ravivé un feu mourant.
Peu importe les dégâts « collatéraux ».
Je ne peux juger de l’adaptation de la pièce originale de Lars Noren par Martial di Fonzo Bo.
Mais sous sa direction, ces comédiens de cinéma sont aussi convaincants sur la scène du Rond-Point.
Un quatuor qui fait vibrer toutes les modulations de la partition, entendre toutes les tonalités de la pièce.
Savoureux tableau moderne de la difficulté de la vie à deux,
Avec le désir charnel comme pivot,
Les accents des querelles amoureuses chères au théâtre classique,
Les éclats encore proches de « Qui a peur de Virginia Woolf » d’Edward Albee,
Un moment distrayant,
Une victoire de l’amour
Voilà des « Démons » que l’on ne hait point.