« Art », succès international, créé il y a vingt ans avait été précédé de « Conversation après un enterrement « que j’avais découvert auparavant à La Villette . Cette première pièce m’avait semblé intéressante, la seconde confirmait mon impression.
N’y ayant pas assisté je n’avancerai pas d’opinion pour « Le Dieu du carnage » monté en 2008.
« Comment vous racontez la partie » traite de « l’acte « de l’écriture, du rôle de l’écrivain, des rencontres littéraires en province.
Nathalie Oppenheim, jeune récipiendaire du prestigieux Prix Germaine Beaumont pour son ouvrage « Le pays des lassitudes » arrive à Vilan en Volène pour une rencontre débat dans la salle polyvalente à l’occasion du troisième cycle de samedis littéraires…
Accueillie et présentée par le bibliothécaire, poète à ses moments perdus, elle s’opposera vite à Rosanna, journaliste de renom qui n’aura de cesse de la piéger ou de la pousser dans ses retranchements. Suivra une sauterie en présence De Monsieur le Maire « sans étiquette » mais néanmoins désireux de proposer à l’auteur le sujet de son prochain livre.
Zabou Breitman est le sosie parfait de l’auteur, juste elle est flatteuse flatteuse .
Dominique Reymond, Rosanna la journaliste, gagnerait énormément à modérer ses effets : à trop forcer le trait son personnage perd crédibilité.
Romain Cottard, grand échassier déguingandé, pantalon rouge, veste bleu et chaussures bicolores ressemble davantage à un dandy provincial qu’à un bibliothécaire sensible.
Seul André Marcon avec une formidable présence parvient à faire exister le Maire. Rondeur bonhomme, glouton et ordinaire il est néanmoins satisfait de sa personne. Envahissant, rempli d’assurance et de certitude, il donne vie au comique de ce personnage.
De la satyre au mystère de la création, de l’ironie à l’autocélébration, cette pièce joue sur plusieurs registres.
« Vaste programme ». Loin d’atteindre ses buts, la mise en scène de l’auteur affaiblit encore son propos.
Caricature éculée de la vie « culturelle » comme de l’interview « vachard » de la journaliste prétentieuse, on ne peut s’empêcher de penser aussitôt à Poiret et Serreau irrésistibles de comique et de vraisemblance dans « Vahiné- vahïana »
Comment ne pas aussi évoquer les « Deschiens » pour le cocktail après la réunion pour la laideur des lieux et l’entrain factice.
Si la célébrité de Yasmina Reza justifie la taille de la salle Renaud-Barrault, les répliques de sa pièce « intimiste » au lieu de rebondir, se perdent, s’évaporent, s’évanouissent sur le grand espace, pas davantage favorisées par le décor « vide » de Jacques Gabel, avec ses trois fauteuils orange ou le buffet de la « fête » dans une salle nue.
Le comique est grossier.
Le pathétique insensible.
On aurait pu rire, beaucoup, de la satyre .
On aurait dû être touchés, profondément, par les mystères de l’écriture et de la solitude de l’écrivain.
Et rien ne fonctionne.