"Comme un arbre penché" a vu se "pencher" toutes les bonnes fées.
Cette comédie signée par un très jeune auteur sollicité par Michel Leeb, aurait pu sombrer dans la vulgarité et le mélodrame le plus facile.
Une chambre d'hôpital voit se réunir deux amis d'enfance, jeunes encore, mais séparés depuis longtemps par une ancienne brouille. Pilippe, réduit à l'état de légume comme le disait Romain Gary, est condamné au mutisme. Louis fait soudain irruption à son chevet. L'infirmière veille.
Progressivement, au cours de" monologues "successifs adressés au malade, privé de parole mais non pas de compréhension, Louis révèlera, le drame à l'origine de la rupture entre ces inséparables amis d'enfance.
C'est avec beaucoup d'humour et de légèreté que le sujet est abordé.
Et Francis Perrin, qui assume quasiment à lui seul toute le pièce, nous réserve une démonstration de plus de son très grand talent de comédien .
Aussi abrupt que dépourvu du tact le plus élémentaires, bourru, parvenu, coureur mais aussi harcelé par une Mère juive possessive, il n'épargne au malade aucune de ses récriminations, aucune confidence sur l'échec lamentable de sa vie familiale, aucune suffisance sur sa réussite matérielle. Inversion des rôles, comique assuré. Et doucement s'insinue par bribes, en demi-teintes, l'origine du drame, que je ne vous révèlerai pas.
Fondée sur l'importance de l'amitié, sa force et sa fragilité, la pièce recèle de jolis moments, non dénués de sensibilité, ni de profondeur. Gersende Perrin apporte avec vivacité et justesse le contre-point au personnage de Louis, dont la métamorphose sera aussi émouvante qu'inattendue..
Une pièce qui distrait et touche, Francis Perrin qui "tient" la salle sans faiblir jamais, le Théâtre La Bruyère dont il faut féliciter le choix, pour le plaisir de tous assurément les bonnes Fées n'ont rien oublié