Si la parité a pris le pas sur le féminisme, dans la pièce de Michele Lowe les femmes, grandes" sacrifiées " de l'Histoire, renversent les rôles pour devenir " sacrificatrices" de ces messieurs.
Je ne fais que reprendre la note d'intention de Sally Micaleff, metteuse en scène de " Chambre froide" dans laquelle elle n'hésite pas à évoquer la tragédie d'Iphigénie et la vengeance de Clytemnestre, pour illustrer le propos de cette pièce dont elle a aussi signé l'adaptation. Emportée par son lyrisme, elle convoque dans la foulée Almodovar et ses héroïnes... Pourquoi pas ?.
Encore faudrait-il nous proposer un texte à la mesure de ces ambitions. La distance est infranchissable, je dirai intersidérale.
Contemporain, le " drame" respectera l'unité de temps et de lieu...
Une superbe cuisine ( décor de Laura Léonard) en sera le cadre.
S'y retrouvent, après le repas, trois amies dont les maris ont préféré prolonger la réunion en restant entre eux, s'abstenant de toute participation aux tâches " ménagères".
Entre l'évier, le lave vaisselle, et les placards, s'échangeront des confidences qui révèleront une maitresse de maison( Valérie Karsenty ) femme active ayant réussi dans les affaires décidée à ne pas se laisser déposséder par un mari accusé de détournements de fonds, une épouse sexuellement délaissée en mal d'enfant ( Anne Charrier ) et une femme soumise pourvue d'un mari qui la trompe allègrement ( Pascale Arbillot ).
Ces charmantes créatures, après avoir échangé moultes réflexions sur le rôle de la femme dans le couple, finiront, à l'initiative de leur hôtesse, par laisser geler leurs époux indélicats dans la chambre froide où ils se sont malencontreusement enfermés. Elles seront lavées de tout soupçon, faisant adopter sans difficulté l'hypothèse de l'accident.
Ainsi est illustrée cette brillante démonstration dont la platitude n'a d'égal que la vacuité des propos, auxquels s'ajoute un manque absolu de toute progression dramatique dans l'écriture. La diction approximative des comédiennes, leur interprétation calquée sur ce que les feuilletons-télés nous réservent de plus ordinaire, soulignent encore le vide abyssal de ce spectacle pour lequel cependant la direction se targue d'avoir obtenu les droit de haute lutte face au " tout Paris des directeurs ".
" Surprenant, jouissif, et drôle" prétendent-ils.
" Navrant, stupide, soporifique " affirmerais-je.
La décision appartient au public
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