Ray Cooney, passé maître dans l’art du vaudeville, est l’auteur britannique de nombreuses comédies qui ont fait les beaux jours du boulevard, à Paris comme à Londres dans les précédentes décennies ;
Précipité de tous les ingrédients du vaudeville, mâtinée d’un certain esprit français, émaillée de quelques trouvailles totalement absurdes, (l’idée du film commandé par l’Institut Pasteur), l’adaptation de Jean Poiret, créée en 1987, n’a pas pris une ride.
Construite sur une banale histoire d’adultère, l’intrigue se déroule à l’Hôtel de l’Hémicycle. Un célèbre député, au prétexte d’un débat capital à l’Assemblée : la Loi Sexe et Sécurité, n’a qu’une hâte : finir au plus vite son déjeuner avec son épouse et la voir partir au théâtre pour retrouver en toute impunité la secrétaire d’un ministre de l’opposition avec laquelle il a un rendez-vous galant.
Confiant la réservation de la chambre à son nigaud d’assistant, ses gaffes et maladresses provoqueront une succession d’imbroglios insensés dans lesquels les protagonistes se verront tous, fatalement, entrainés. Quête effrénée d’échappatoires, esquives diverses, faux semblants s’enchaineront sans répit.
Incontestable spécialiste du genre, José Paul insuffle le bon rythme à sa mise en scène.
En député, Pierre Cassignard incarne le macho, bellâtre sûr de lui et de son pouvoir, pris au piège de ses turpitudes. Un peu plus de finesse ne lui nuirait pas.
Sébastien Castro, en assistant parlementaire est le Monsieur Catastrophe qui sait jouer de tous les registres avec subtilité et inattendu, et Lysiane Meis compose une sémillante fausse bécassine bien émoustillée.
Dans les second rôles, Guillaume Pellerin a toute la dignité conciliante ou réprobatrice du directeur d’hôtel de luxe, en valet, Rudy Milstein, en observateur amusé, tire habilement partie des situations, et la soubrette de Pascale Louange possède toute l’insolence grognonne du personnage.
Palpable à tout instant, prégnante, omniprésente, l’ombre de Feydau inspire visiblement l’auteur : elle règne sur le plateau,
Ray Cooney en a compris tous les ressorts.
Sévère toujours, Lulu ne lui en reconnait pas le souffle dévastateur, la folie « rationnelle » l’invention de l’absurde.
Boulevard, disiez-vous ?
Pourquoi pas ?
Le divertissement n’a rien de condamnable.
Restons-en là.