Elève du grand Krista Lupa-( "Perturbations" de Thomas Bernhard) Warlikowski semble avoir hérité du maître un besoin irrépressible de faire "long": quatre heures trente pour ce spectacle.
Durée ne rime pas avec qualité.
Durée ne rime pas avec intérêt.
Pour tenir ses spectateurs il faut davantage qu'une première scène enlevée.
Deux garçons et deux filles installés sur un interminable canapé jaune canari posé au milieu de l'immense plateau de Chaillot sont réunis pour un cours d'anglais qui "dérape" très vite. Conventionnelle d'abord, la conversation s'oriente très vite et sans équivoque, sur le sexe.
Cette première partie du spectacle est inspirée par la célèbre nouvelle de Christopher Isherwood,"Cabaret" dont chacun garde le souvenir du film éponyme à défaut d'avoir aussi vu la pièce montée plus tard à Mogador .
Deux spectacles inoubliables, dans lesquels chacun percevait avec acuité la montée du nazisme, la barbarie triomphant implacablement.
Chez Warlikowski, se succèdent après cette brève présentation, d'interminables scènes qui reprennent chaque épisode de la nouvelle d'Isherwood, augmentés des ajouts personnels du metteur en scène .
But affiché: établir le parallèle entre l'intolérance du passé et la progression d'une nouvelle forme d'autoritarisme rampant dans la société de la Pologne d'aujourd'hui.
Malgré les gambettes interminables de la Sally Bowles de maintenant, ses chorégraphies suggestives, malgré les numéros de chants homos avec kippas sur le crane, malgré le personnage de la logeuse transformée en monstresse félinnienne viellissante, pathétique et archi-vue, malgré la projection du défilé des jeux de Munich, athlètes saluant le bras tendu, malgré la présence d'Hitler en personne aux cotés d'Isherwood, malgré des musiciens bruyants et des effets de décor amusants, jamais ne se ressentent l'amorce d'une émotion, l'ombre d'une inquiétude face à la tragédie annoncée.
Abrutis par le bruit, lassés par ces scènes répétitives et sans intérêt, seulement "spectaculaires" et sans arrière-plan, à l'entre-acte, renonçant à découvrir la fin de la pièce qui s'achève avec le "11 Septembre" il y avait foule dans les escaliers en direction de la sortie.
Lulu était très entourée, mais pas moins déçue par la mystification .