Pour le retour sur scène de Micha Lescot, à l’étrangeté si troublante,
Prometteur, ce « Bouvard et Pécuchet » n’est que fadeur.
Sur le programme, même taille de caractères pour l’auteur, Gustave Flaubert, et l’adaptateur, metteur en scène et interprète, Jérôme Deschamps.
Un surprenant manque de modestie envers une œuvre titanesque, restée inachevée à la suite de la mort de Flaubert épuisé par les huit années de travail consacrées à cet ultime roman :
Un monument dédié à la sottise humaine,
Le bréviaire des fats,
Un fondement du théâtre de l’absurde.
Nos infatigables encyclopédistes, à l’inextinguible soif de connaissances, expérimentateurs lamentables, entrepreneurs ratés, enthousiastes crédules, ou sceptiques par dépit, faux érudits et authentiques benêts, forment l’extraordinaire couple d’amis inséparables, héros de pitoyables aventures, sujets de risibles fâcheries.
« Adapté » par Jérôme Deschamps, petit, ventripotent et coiffé d’un bonnet noir, Pécuchet, face à un Micha Lescot, long échalas au visage encadré d’une barbe jais et cheveux aux épaules, Bouvard,
Les « modernisations » du texte nous valent d’entendre évoquer, entre autres, au « chapitre » nourriture les « burgers, nuggets » et autres « chicken-wings »…
L’élocution forcée des deux protagonistes neutralise, anéantit tout le côté pénétré, sérieux, appliqué, de dialogues à la férocité dévastatrice,
L’intervention, entre différents tableaux, d’un jeune couple de paysans frustres ne fait que reprendre des gags éculés,
Comme certains effets vus si souvent dans les précédents spectacles des Deschiens : les objets jetés à la volée dans la poubelle depuis le rebord d’un panneau central aux multiples usages, le « nettoyage » du plan de travail, etc…
Ici agrémenté d’une cheminée de roulotte, ce panneau s’ouvre de deux minuscules fenêtres rouges et comporte deux sièges qui s’abattent devant la salle.
La scène de l’hypnotiseur, celle du bain, surtout celle du théâtre, avec pourtant cet insensé pot- pourri de toutes les citations les plus célèbres de Molière, atteignent à l’indigence, indignes de la dernière des fêtes de patronage.
Bref, c’en est trop pour Lulu,
D’humeur de dogue après le spectacle,
Piochées au hasard dans le roman, quelques lignes relues ont suffi à lui rendre le sourire.